Française - (France/Maroc – 1h24) de Souad El-Bouhati avec Hafsia Herzi, Farida Khelfa, Maher Kamoun…

Française – (France/Maroc – 1h24) de Souad El-Bouhati avec Hafsia Herzi, Farida Khelfa, Maher Kamoun…

Douce France, cher pays de mon enfance…

cine-francaise.jpgDroite face à l’objectif, avec une salopette et une chemise à carreaux dont les couleurs évoquent le drapeau tricolore, Hafsia Herzi ne regarde pas exactement devant elle. Son regard semble fixer un ailleurs, d’ailleurs pas si lointain. Cette image, c’est l’affiche de Française. Une image simple, forte et programmatique. Une image frontale, comme le film. Sofia, née en France de parents maghrébins, passe une enfance heureuse dans une cité de province. Mais son père a le mal du pays, et aussi des problèmes financiers. Pour toute la famille, c’est le grand départ. Sofia se retrouve alors dans une ferme au Maroc où elle n’aura désormais qu’un seul objectif : retourner en France. De la première partie du film, qui se déroule en France, on retiendra surtout une séquence forte, un moment-clef que beaucoup de films traitant de l’immigration suggèrent sans jamais montrer : le moment du départ. Si pour les parents il s’agit simplement d’un retour, pour Sofia la scène se révèle bien plus violente ; c’est presque un enlèvement. Dans l’ensemble, il faut avouer que le film nous interroge plus qu’il ne nous émeut, même s’il fait preuve d’un beau réalisme en évitant soigneusement l’imagerie idéalisée et l’exotisme qu’évoque pour beaucoup le retour au bled. Peut-être que pour son premier long-métrage, Souad El-Bouhati a surtout cherché à maîtriser un récit dont la simplicité apparente cache pourtant quelques troublantes vérités. La relation au père, l’adolescence et ses désirs, le tiraillement entre la tradition et la modernité occidentale sont autant de questions que le film frôle par moment sans jamais les approfondir. On pourrait faire une remarque similaire concernant la manière de filmer de la réalisatrice ; les trop rares mouvements de caméra ne jouent pas forcément en faveur de la dynamique du film. Au final, on retiendra surtout la prestation sans faille de Hafsia Herzi qui, malgré le peu de matière fictionnelle que lui offre le film, confirme ici son immense talent.

nas/im

Sortie en salles le 28.