Fiesta des Suds : du 16 au 24/10 au Dock des Suds

Fiesta des Suds : du 16 au 24/10 au Dock des Suds

La Fiesta en mode majeur

La Fiesta des Suds fête cette année ses dix-huit ans. Une majorité toujours pas synonyme d’âge de raison… Et tant mieux ! Petit tour d’horizon d’un festival majeur (et de quelques soucis mineurs).

FIESTA.jpgSi la curiosité et le bon sens ont converti de bonne heure l’ensemble des « cultureux » bien pensants à la nécessité d’un festival métis et coloré dans une ville comme Marseille, c’est par versatilité et snobisme que ce même public s’est plu par la suite à dédaigner un événement devenu une référence à l’échelle nationale. Entre temps, il est vrai, la Fiesta des Suds ne s’est pas montrée exempte de tous reproches. Programmation peu aventureuse, excès d’affluence, sonorisation parfois aléatoire… Les esthètes et mélomanes quittaient tristement le navire, laissant dans les anciens docks, sous les chapiteaux ou sous la passerelle d’autoroute, le grand public des familles s’amuser en fêtant l’automne marseillais, le billet d’entrée (souvent) offert par le Conseil Général brandi haut la main. Une partie du public s’étonnait aussi, et continue à le faire, de voir dans un festival orienté plein sud de nombreux artistes venus d’autres hémisphères musicaux. Suzanne Vega, Patti Smith ou Bashung par le passé, et aujourd’hui Nina Hagen : la planète rock envahit doucement la planète Mars, en respectant l’une des idées fortes de la Fiesta — ouverture musicale et croisements culturels — mais en écorchant aussi au passage la cohérence d’ensemble de la ligne artistique. Fiesta des Suds, Fiesta déçue ? Non ! Ce serait trop simple, et intellectuellement malhonnête. Le festival a tout simplement les défauts inhérents à son succès. D’ailleurs, Florence Chastanier, co-fondatrice du festival, résume parfaitement la situation : « La Fiesta, c’est une sorte de zone franche sociale ; on y croise des gens de tous âges et de tous milieux. On n’y vient pas que pour la musique : c’est une fête populaire comme on en trouve en Espagne ou dans le sud-ouest. Nous proposons volontairement une programmation très variée chaque soir, il n’y a pas vraiment de thème. L’objectif, c’est de croiser les scènes et les publics. » Et il est vrai qu’on a tous éprouvé, à un moment ou à un autre, cette sensation de grand cirque musical — voire de carnaval — en déambulant entre les scènes, les bars, les restaurants et les chapiteaux. Pour le meilleur et pour le pire… La dimension populaire et sociale de l’événement demeure l’une des priorités des organisateurs : « Par le biais de nombreuses associations et de partenariats, nous offrons beaucoup d’invitations afin de toucher un public qui ne pourrait pas venir sans cela », souligne l’organisatrice, qui pourrait même ajouter que la Fiesta des Suds demeure certainement le festival « payant » ayant la plus grosse proportion d’invitations. Autre particularité appréciable de la Fiesta, trop rarement soulignée : le soutien constant apporté à la scène musicale marseillaise et régionale. Si l’idée d’un festival ancré dans un territoire nous plait, ce n’est pas par goût des « marseillaiseries » mais seulement parce que certains artistes méritent cette visibilité-là. Qu’on soit d’ici ou d’ailleurs, voir Juan Carmona ou Sam Karpienia sur scène, c’est tout simplement un grand moment de musique. Des grands moments, la Fiesta 2009 nous en réserve certainement bien d’autres. A commencer par l’explosif Charlie Winston qui n’est pas uniquement le « one hit wonder » de Like a Hobo, mais un vrai performeur scénique qui sait tirer le meilleur du blues pour le rendre festif et dansant. Quant à la surprenante Nina Hagen, on ne l’attendait pas forcément ici, mais on ira la voir avec beaucoup de plaisir, histoire de vérifier que les idoles, comme les Dieux, ne meurent jamais. Autre rendez-vous à ne pas rater : la soirée du jeudi 22 avec une carte blanche accordée au génialissime guitariste Juan Carmona, qui se produira avec deux des plus grandes figures de la danse flamenca andalouse. Ce serait aussi faire outrage au bon goût, et à celui de nos mères, que de passer sous silence la venue de Christophe, dont l’indémodable classe renvoie chaque nouvelle génération de chanteurs à l’amateurisme. Une soirée d’autant plus attendue que le concert de l’icône aux mots bleus sera suivi de celui des excellents Staff Benda Bilili, orchestre de rue de vieux paraplégiques congolais dont le cocktail rumba/blues risque d’être notre boisson préférée durant le festival. Vous l’aurez compris, pour cette édition 2009, on devrait pouvoir s’en mettre plein les oreilles, même s’il faudra aussi pour cela se farcir les niaiseries orientales de Khaled et quelques autres métissages plus ou moins douteux. Peut-être que sans ces égarements, la Fiesta ne serait plus la Fiesta, mais un festival au goût sûr et à l’ambiance policée, comme tant d’autres. Comme le port qui lui fait face et la ville qui l’entoure, cette année comme les précédentes, la Fiesta des Suds sera vivante, brouillonne et généreuse.

nas/im

Fiesta des Suds : du 16 au 24/10 au Dock des Suds (voir programmation complète dans l’agenda). Rens. www.dock-des-suds.org