Festivals musiques du Monde

Festivals musiques du Monde

A la verticale de l’été

Recenser les rendez-vous musicaux de l’été en Provence, c’est un peu comme essayer de compter le nombre de galets sur une plage : pas impossible, mais fortement déconseillé. En toute subjectivité, voici nos coups de cœur estivaux des musiques métisses et colorées.

musique-monde-Toumani-Diaba.jpgEn 2008, le moindre village provençal se doit d’organiser son festival. Plus que la programmation, c’est l’événement qui compte, et surtout sa visibilité. Certaines municipalités, plutôt frileuses tout au long de l’année, communiquent ainsi en musique dès les premiers beaux jours, jouant par là la carte d’un « dynamisme culturel » assez tendance. Au milieu de cette multiplication des événements estivaux et musicaux, les amateurs ont de plus en plus de mal à se repérer. Si on peut parfois se baser sur la crédibilité historique de certains événements (du Nice Jazz Festival au Charlie Jazz à Vitrolles pour faire très court), d’autres festivals, plutôt récents, méritent toute notre attention. A l’ouest du grand sud, c’est la ville de Sète qui s’illustre avec deux manifestations d’envergure. La première — Fiest’A Sète — célèbre à sa manière les diverses acceptions du mot groove. Au Théâtre de la Mer défileront ainsi les génies de l’ethio-jazz Alèmayèhu Eshèté et Mahmoud Ahmed, Mélingo et son tango minimal, Shantel et son électro-balkanique, les enragés Taraf De Haidouks, ainsi que le vétéran latino-disco Kid Creole et ses Coconuts, toujours aussi sexy même si plus très fraîches. Et oui, l’été sera beau, l’été sera beau, dans les t-shirts dans les maillots… Toujours à Sète, sur la presqu’île qui fait face à la ville, le Worldwide Festival prendra quant à lui ses quartiers du 3 au 5 juillet prochain. Initié et programmé par Gilles Peterson, voici un petit concentré des diverses tendances qui agitent les musiques noires et urbaines. On pourra se délecter des concerts de Breakestra, Earl Zinger, Cinematic Orchestra, Roots Manuva, et de nombreux dj-sets, notamment celui de Benga, jeune Londonien qui devrait secouer la ville portuaire au rythme de son imposant dubstep. Plus au nord, à Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme, le Saint-Paul Soul Jazz mérite la palme de l’originalité. Ce n’est pas un artiste ou un style qui y est à l’honneur, mais un instrument : l’orgue Hammond. Bien évidemment, il sera question de soul, de jazz et funk avec un hommage à Otis Redding et aussi un amusant « Hammond Battle » où des organistes viendront s’affronter sur le mythique clavier. Plus près de chez nous, à Arles, le festival Les Suds continue à distiller le meilleur des autres musiques dans le cadre somptueux du Théâtre Antique et au sein des Ateliers SNCF (ancienne friche industrielle réhabilitée), où les prestations de Toumani Diabaté et de Silverio Pessoa les 18 et 19 juillet mériteront à elles seules le déplacement. Autre destination conseillée : le Luberon, pour la douzième édition du festival de Robion du 17 au 26 juillet. On pourra y retrouver l’afrobeat festif des New-Yorkais Kokolo, les Portugais Terrakota aperçus à Babel Med Music, ainsi que les voix et rythmes ivoriens de Dobet Gnahore. Pour finir ce tour d’horizon sélectif des rendez-vous « world music » du sud, on ira flâner sur la Côte d’Azur, à Vence plus précisément, pour assister à la onzième édition des Nuits du Sud qui s’étale du 11 juillet au 9 août. Si les têtes d’affiche n’excitent guère notre curiosité (Goran Bregovic, Jimmy Cliff…), on attend beaucoup des concerts du 25 juillet, avec le génial accordéoniste Richard Galliano et la Béninoise Angélique Kidjo, et du 7 août, avec la prestation haute en couleurs des décapants Nortec Collectif qui débarqueront directement de Tijuana pour une relecture électronique des musiques traditionnelles mexicaines.

nas/im