Airmachine 2 d’Ondřej Adámek

Festival Les Musiques 2016

Mondes parallèles

 

Nouvelle édition du festival multidisciplinaire Les Musiques, entre Marseille et Cassis, pour redessiner les contours de la création contemporaine.

 

La musique contemporaine ? « Il s’agit de la production de la moitié du XXe siècle. Avec ce terme vient immédiatement à l’esprit ce qui se faisait avec l’Ircam, quelque chose de très connoté, pratiquement rentré dans le patrimoine. En réalité, beaucoup de choses très différentes se créent : des musiques d’improvisation, expérimentales ou électroniques… Toutes se croisent et forment une grande ouverture sur divers choix possibles. Tout cela est très complexe et c’est pourquoi l’on parle de musiques de création, car ce sont toutes des œuvres qui se créent aujourd’hui. » La ligne semble être la même pour Christian Sebille, directeur du GMEM, depuis l’interview qu’il nous avait accordée en 2013. La ligne est la même, et elle jalonne une fois encore la programmation d’un festival en forme de parcours, d’itinéraire. Physique d’abord, de la Friche au Théâtre Joliette-Minoterie, en passant par la Criée et la Fondation Carmago de Cassis (en compagnie des Percussions de Strasbourg). Transdisciplinaire ensuite, lorsque la danse ou le jeu se frayent tout naturellement un chemin au travers de la partition, ou lorsque l’instrumentarium, en travaillant sa dimension plastique, se donne des airs d’installation. Un parcours qui s’avère aussi une redoutable machine à voyager dans le temps, comme pour mieux se faire percuter les esthétiques et les courants. Un parcours qui, enfin, traverse les approches philosophiques de ceux qui font la musique. Ceux-là mêmes qui font Les Musiques.
Ainsi, l’Airmachine 2 d’Ondřej Adámek, sorte d’assemblage de tubes en PVC sur lesquels se fixent notamment ballons et gants en plastiques, développe de surprenants harmoniques qui changent très vite en fonction de la pression de l’air. Ailleurs, dans un Chant d’Hiver visuellement immersif, Samuel Sighicelli met en corrélation sa propre musique avec un récit librement inspiré d’une mission scientifique du glaciologue Claude Lorius. La veille, les Grandes Tables de la Friche accueilleront quant à elles un orchestre de cuisiniers et de musiciens lancé dans une « partition-recette » participative… L’ensemble L’Instant Donné présentera Serious Smile, trois œuvres musicales du compositeur Henry Fourès, nouveau président du GMEM, faisant suite à Georges Bœuf, dans lesquelles se retrouvent les gestuelles, l’immatériel et le physique, la musique et le jonglage, « considéré pour sa musicalité, non seulement celle du geste lui-même mais aussi celle du résultat sonore qu’il produit, grâce aux balles augmentées de capteurs de mouvements embarqués. » Dans le cadre des Matins Sonnants, le sonneur virtuose de cornemuse écossaise Erwan Keravec a sollicité quatre compositeurs pour travailler autour d’un instrument que l’on ne croise pas si souvent que ça dans les milieux de la musique contemporaine. Le festival se clôturera à la Friche, le temps d’un week-end Transgenre où se côtoieront reprises des deux premiers albums de Kraftwerk en acoustique, danse, sons, lumières, partitions, improvisations, et autant de « lieux d’échanges et de rencontres ». « La création est une garantie du renouvellement des sociétés », précisait en ces pages Christian Sebille, qui présentera plus tôt dans la semaine Sans Nom Dit, pièce électroacoustique forte de cent dix-sept participants, montée au contact entre l’écrivain Jean-Luc Raharimanana et des élèves participants aux ateliers du GMEM, structure qui a récemment fusionné avec le GRIM avant un ancrage définitif à la Friche. Une histoire en construction, vous dit-on.

Jordan Saïsset

 

Festival Les Musiques : du 14 au 22/05 à Marseille.
Rens. : 04 96 20 60 16 / www.gmem.org

Le programme complet du festival Les Musiques ici