Edito n° 163

Edito n° 163

Curieuse ironie de l’Histoire. Au moment même où l’on fête le soixante-dixième anniversaire de l’accession au pouvoir du Front Populaire, les politiques français se bousculent pour remettrent en cause une législation sociale qui s’est patiemment construite depuis cette époque, Online Money Mastery Products For Teens And Parents offrant à des millions de gens la perspective d’une existence meilleure… (lire la suite)

Retour vers le futur

Curieuse ironie de l’Histoire. Au moment même où l’on fête le soixante-dixième anniversaire de l’accession au pouvoir du Front Populaire, les politiques français se bousculent pour remettrent en cause une législation sociale qui s’est patiemment construite depuis cette époque, offrant à des millions de gens la perspective d’une existence meilleure au-delà d’un horizon industriel impitoyable — une « éclaircie dans les vies difficiles », comme disait Léon Blum. Léon Blum ? On voit d’ici les regards interrogatifs des plus jeunes comme de ceux qui ont cru malin de sécher leur cours d’histoire-géo de troisième. Rafraîchissons-leur un peu la mémoire : en 1936 donc, le gouvernement de coalition des partis de gauche, formé dans l’euphorie par ledit Blum, fait voter en quelques semaines nombre de lois qui vont bouleverser la société française, et plus particulièrement son rapport au travail. Naissent ainsi les premiers congés payés et les conventions collectives, tandis que la semaine travaillée passe de quarante-huit à quarante heures et que l’interdiction de travailler est repoussée à quatorze ans (!). 2006 : un Front populiste se crée implicitement avec l’aval des médias — et sous le nez de Français quelque peu anesthésiés à l’approche d’événements sportifs d’envergure[1]. En ligne de mire : les Présidentielles de 2007. Finalement d’accord sur bien des sujets, les chantres de la « rupture » (habile tour de passe-passe rhétorique qui consiste à faire passer pour progressiste ce qui est réactionnaire), qu’ils se prétendent de gauche ou mènent d’ores et déjà une politique ultra droitière, nous annoncent un fantastique retour en arrière. L’ubuesque lundi de Pentecôte que l’on vient de passer peut en témoigner : à vouloir amputer les congés payés sous couvert de la solidarité intergénérationnelle[2], le gouvernement Raffarin a créé une situation inextricable, suscitant l’incompréhension et un beau bordel ambiant. Une simple illustration de ce qui nous attend l’an prochain, à en juger par les propos des uns et des autres, qui voulant revenir sur un projet adopté par un gouvernement auquel elle appartenait, qui prônant des « réformes » aussi injustes que rétrogrades. Et dire que l’on taxe d’immobilisme ceux qui osent encore défendre les acquis sociaux ! On ne répètera jamais assez quel formidable progrès constitue la réduction du temps de travail dans une société où les travailleurs déchantent autant que les « inactifs »[3]. Les soixante-dix ans du Front Populaire[4] ? On en connaît qui doivent se retourner dans leurs tombes !

Texte : CC Photo : Victor Baupain

Notes

[1] Certains ont d’ailleurs fait remarquer à ce sujet que le football français n’avait brillé internationalement (les Coupes d’Europe de l’OM et du PSG, la Coupe du Monde 98, l’Euro 2000) que quand la gauche était au pouvoir… Mauvais augure pour les footeux ?

[2] Il serait temps que les contribuables se demandent à quoi servent leurs impôts — payer la dette et mettre des flics partout ou favoriser l’éducation et la santé…

[3] Rappelons seulement que la France est championne d’Europe (du Monde ?) des antidépresseurs…

[4] Sur le sujet, deux manifestations à noter sur vos agendas : l’expo de photos et films d’archives Vive les congés payés ! jusqu’au 7/07 à l’Hôtel de Région (27 place Jules Guesde, 2e) et un hommage aux conquêtes ouvrières du Front Populaire ce vendredi au Parc de la Mairie du 7e secteur (72 rue Paul Coxe, 14e).

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