Edito 275

Edito 275

L’accroche a du mal à passer. Colportée sur les murs et dans les pages de la ville, « 2012, 2013…2016, Marseille accélère » restera un modèle de propagande municipale. Sur le mode « C’est bon, mangez-en », le sénateur-maire de Marseille nous a concocté un menu gargantuesque censé ouvrir l’appétit d’administrés qui crèvent déjà la dalle.
Nous ne pouvons que nous associer à la missive envoyée la semaine dernière sur le bureau de l’édile par Patrick Mennucci, président du groupe Faire gagner Marseille (sic) au Conseil municipal. Vous pourrez donc en (re)lire ici de larges extraits : « Cette communication porte essentiellement voire exclusivement sur les “Grands Chantiers” (MUCEM, Terrasses du Port …) mais très peu sur ce qui fait le quotidien des Marseillais : le mal logement, le manque d’emplois, les cités à l’abandon, les problèmes de transport, la pénurie de places en crèches, l’état préoccupant de certaines écoles, le délabrement et le non gardiennage de nombreux espaces verts et d’équipements sportifs…
J’ai donc peur que cette campagne “Grand Public” manque un peu ses objectifs en mettant en valeur des réalisations, certes utiles à notre métropole, mais qui laissent dans l’ombre les problèmes quotidiens rencontrés par une majorité de Marseillais. Je vous rappelle ainsi que plus de 200 000 habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté dans notre ville. Alors si “Marseille accélère”, c’est malheureusement en laissant au bord de la route toutes les personnes confrontées à des difficultés quotidiennes.
»
Un brin démago, cette sortie n’en est pas moins utile au débat. En particulier lorsque le maire des premier et septième arrondissements demande au numéro un de communiquer le coût de la promotion : « Vous sachant partisan d’une transparence exemplaire, je souhaiterais enfin connaître le coût total de cette campagne (en incluant le gardiennage des projecteurs signalant l’emplacement de tous ces projets virtuels) ainsi que le nom de ou des entreprises qui l’ont conçue et réalisée. Il me semble, en effet, important, en cette période d’austérité budgétaire et de hausse des impôts, que chaque contribuable soit parfaitement informé de l’utilisation de l’argent public par notre collectivité. »
Informer est une chose, enfumer en est une autre. Faute de budget, la plupart des projets mis en avant le resteront, et ceux réalisés ne contenteront que les marchands. Vendre du rêve n’inversera pas « les vents mauvais qui ternissent l’image de notre ville. » comme le dit Jean-Claude Gaudin. Les Marseillais ne dorment pas, ils grognent.

Victor Léo