Edito 254

Edito 254

Avatar, du sanskrit avâtara : « descente »

Il était vraiment temps que 2009 tire sa révérence. Bon d’accord, 2010 ne part pas vraiment sur les chapeaux de roue, entre la misère qui comme le chantait Coluche « s’abat toujours sur les pauvres gens » (1) et la crise qui rode au guichet du Pôle Emploi, fallait en plus que le seul mec de droite qui ressemblait à Enrico Macias casse sa pipe et que le pape perde par ippon en finale de coupe du monde de judo (2). De biens sombres présages pour commencer cette année.
Mais restons positifs, après tout on ne s’en sort pas si mal si on veut bien admettre que l’être humain n’est qu’un génial avatar, un animal de la taille d’un veau (mes hommages, Mon Général) doté par un caprice de la nature d’une capacité cérébrale hors normes. Capable à titre individuel de réelles prouesses mais condamné au grand « n’importe quoi » sitôt qu’il joue collectif : et que je te fabrique des téléphones qui font le café mais peuvent te refiler la tumeur du citron, et que je m’en vais explorer l’espace, mais que « casse-toi, pov’con ! ». Magnifique espèce en vérité, délirante et inventive, de l’ambivalence sublime d’un Egon Schiele à la froide beauté d’un Taser flambant neuf : l’Homme, ou comment le hasard et la génétique peuvent déboucher sur l’abscons.
Alors, même si Copenhague se résume plus à un virolo de paraplégique qu’au grand virage annoncé, même si le point G n’existe pas (?), même si l’autre face de traître va continuer à nous bassiner avec son identité nationale, même si les poubelles à Marseille dégagent toujours plus qu’ailleurs une odeur pestilentielle (3) et même si, pour couronner le tout, notre inénarrable Bachelot, ayant enfin réussi à recaser ses stocks, voit la pandémie redémarrer et ravager la population : réjouissons-nous ! La vie est belle, tout le temps qu’elle dure, absurde et magnifique. Nantis, classes moyennes, largués de toujours et amputés de frais, donnons-nous la main, la folle farandole continue, et qui sait le grand soir est peut-être pour après-demain…
Et bonne année bien sûr !

Laurent Centofanti

Notes
  1. Les normes anti-sismiques sont contraires à la volonté divine : une évidence que devrait s’empresser de rappeler par encyclique « l’enmitré » Von Ratzinger. Dieu est partout, instillant toujours une touche d’équité dans ses débordements : j’en veux pour preuve qu’à l’inverse de l’histoire des trois petits cochons, les masures haïtiennes de bois et plastiques aient mieux résisté que les riches demeures bétonnées des potentats.[]
  2. A domicile et de surcroît contre une illustre inconnue en kimono rouge.[]
  3. Cf. « l’affaire des déchets » qui plane au-dessus de Marseille Provence Métropole et du Conseil Général des Bouches du Rhône.[]