Edito 241

Edito 241

Dans notre précédent numéro, nous exposions les travers politiques et pratiques du projet de loi « Création et Internet » sanctionnant le téléchargement de fichiers entre pairs. Coup de théâtre, le lendemain, ladite loi se voyait mise au rebut par une majorité de diables députés sortis des tentures rouge velours de l’Assemblée Nationale. Si la réaction outragée de notre petit président et de ses sbires — Christine « aneffet » Albanel en tête — à l’encontre de la quinzaine de socialistes facétieux nous a doucement fait rigoler, le fin mot de l’histoire n’est pas encore connu. Ejectant de l’ordre du jour du Parlement une proposition de loi de lutte contre l’inceste sur les mineurs — rien, quoi —, l’Hadopi devrait être adoptée le 27 avril prochain par une horde UMP revancharde. Sans revenir pourtant sur les principales critiques des auteurs et des amateurs et, surtout, en contradiction avec un projet de loi européenne qui proscrit toute coupure de l’accès à Internet d’un particulier au nom d’un intérêt privé. Tout citoyen bien informé sait qu’une loi européenne s’impose face à une loi nationale contradictoire. Voire promet des sanctions à un gouvernement récalcitrant. Alors, UMP contre UE, un partout la balle au centre ? Le parti présidentiel n’a honte de rien. Pris en flag de piratage par le groupe américain MGMT pour l’utilisation sans autorisation d’un de leurs morceaux lors de meetings et sur Internet — ça ne s’invente pas —, Xavier Bertrand n’a rien trouvé de mieux que de proposer un euro symbolique de dédommagement. Un euro pour une utilisation libérée des droits d’auteurs ? Les artistes seraient ravis de le gagner s’ils ne devaient céder l’immense partie de leur rémunération aux fournisseurs gourmands. Lisez la réjouissante interview de Gari Greu, membre du Massilia Sound System, à La Provence (1) : « L’argent ? Avec Massilia Sound System, chaque fois qu’on vend un CD, je gagne quinze centimes d’euros, alors quand on en vend 30 000, je vous laisse faire le compte. Mes morceaux je peux les donner, c’est pas avec ça que je mange ! Mais Universal, Carrefour, la Fnac, eux ils mangent avec ça. Nous on se fait baiser, on a dû trouver d’autres choses pour vivre que les ventes de disque. » Aubaine ou aumône, prenons notre parti: téléchargeons !

CC/VL

Notes
  1. http://www.laprovence.com/articles/2009/03/30/772758-Region-Telechargement-illegal-acheter-un-CD-c-est-devenu-comme-aller-a-la-messe.php[]