Dom Juan au Théâtre Gyptis

Dom Juan au Théâtre Gyptis

On the road again

La compagnie La Naïve monte une version de Dom Juan qui propulse le héros libertin de Molière dans les seventies.

TDom-Juan.jpgTout gainé de cuir, torse impeccable et moue lippue sous chevelure ondulante, selon la convention des rebelles de l’époque, le personnage se pose en icône absolue, ultime, intemporelle de la contestation de l’ordre établi. Le texte fait le voyage avec lui, transplanté dans cette esthétique post-psychédélique, quelque part entre Woodstock et le sex & drugs & rock’n’roll de Ian Dury, entre Morrison, Hendrix, Joplin et Scorsese, Hopper et Coppola, etc. Le pari est risqué car Dom Juan est inscrit au patrimoine de nos humanités, au même titre que l’époque dans laquelle cette mise en scène de Jean-Charles Raymond le transpose. Chacun en a donc sa propre vision, des souvenirs qui tournent à la référence, un embryon de réflexion hérité du lycée…N’est-il pas plus révélateur que rebelle, n’est-il pas plus dans le dépit que dans la rébellion ? D’où, sans doute, le « party » pris de la mise en scène : s’adresser aux jeunes, ou aux adultes restés jeunes, c’est-à-dire capables d’un œil neuf, aptes à appréhender ce travail comme les rockers de cette époque, avec une science de l’instant prompte à ouvrir l’accès au cœur des choses. Ceux qui, par ailleurs, développent un intérêt pour le passionnant travail de Charles-Eric Petit, courront voir cette adaptation avec plus d’envie encore.

Texte : Frédéric Marty
Photo : Laurence Fragnol

Du 7 au 11/12 au Théâtre Gyptis (136 rue Loubon, 3e). Rens. 04 91 11 00 91 / www.theatregyptis.com