Demain c’est moins

Demain c’est moins

La trente-deuxième édition de la Fiesta des Suds vient de s’achever. Un hommage tout en cavalcade a été rendu à Bernard Aubert, son fondateur visionnaire, sur le Vieux-Port. Marseille et la Fiesta lui devaient bien ça. Le temps d’un clin d’œil, on regarde la mer, on se retourne et trente ans sont passés. Le marin qui n’aurait pas remis pied à terre depuis la première édition ne reconnaîtrait plus son monde. L’arrivée dans la baie de Marseille a vu surgir d’immenses tours lumineuses qui résistent on ne sait comment au mistral. Kabylie Minogue a avantageusement laissé de côté la pop de Kylie. Robert de Niro n’avait pas peur de mourir. L’écologie, c’était « Éteins la lumière, c’est pas Versailles ici » ; c’est devenu un tout destiné à laisser derrière nous le capitalisme. L’extrême droite était l’ennemi identifié et combattu par tous. « Les extrêmes » est devenu une expression banale, faite pour renverser la vapeur et accuser la gauche des pires maux, quand la peste brune se répand. Le conflit israélo-palestinien, c’était les Accords d’Oslo et une poignée de main. Les ordinateurs des banques n’étaient pas encore tous reliés à l’inextricable réseau qui rend possible le trading à haute fréquence et le paradis fiscal. La Police ne pouvait pas imaginer de surveillance à grande échelle, comme elle l’a pratiqué pendant les Gilets jaunes, zieutant réseau social et smartphones, mouchards dans la poche et arrestations « préventives », « ratissant large » hors la loi (1). Jean-Paul le Deuxième ne connaissait pas François le Premier qui ne connaissait pas le Vélodrome qui ne connaissait pas Orange. On est tous le vieux con de quelqu’un. Chacun son tour.

 

Victor Léo

 

 

 

Notes
  1. Le Côté obscur de la force. Enquête sur les dérives du ministère de l’Intérieur et de sa police, de Vincent Nouzille (Flammarion)[]