Là où l'arc nous emmène de Jean-Paul Curnier

Comme si rien était… À la découverte de Jean-Paul Curnier

Livre penseur

 

Le Polygone Étoilé et la compagnie L’Art de Vivre rendent hommage au grand philosophe et écrivain Jean-Paul Curnier. Si l’on a déjà évoqué la nouvelle création de la compagnie théâtrale, Rien n’arrive, et ça arrive souvent !, le champ cinématographique prend une part cruciale au cœur de la manifestation. Petit tour d’horizon.

 

C’est à Arles que vivait et disparut en août 2017 l’écrivain et philosophe Jean-Paul Curnier. Ce libre penseur, à l’humour décapant, cette voix discordante au milieu d’une création globalisée qui glace parfois le sang, fut l’auteur d’une œuvre colossale autour de questions liées à la politique, à l’art ou au langage. François Cusset le rappelait : « On découvre, avec Jean-Paul Curnier, que la démocratie a toujours été corsaire. On la croit associée au Bien alors qu’elle est issue du brigandage et de l’extorsion, mais aussi du mensonge et de leur justification morale : richesses qu’il faut produire toujours plus, ou colonialismes européens qui font de la dévastation du reste du monde (inapte à la démocratie) la condition invisible de la richesse et de l’unité collectives. » Jean-Paul Curnier entretenait, au-delà, un paradoxe face aux langages du cinéma, teinté de méfiance et de quelque adhésion. Une attention qui a rapproché le philosophe d’un autre rêveur de l’image, le cinéaste Jean-François Neplaz, créateur du Polygone Étoilé à Marseille, lieu unique dans l’hexagone où le cinéma se pense autant qu’il se montre, du sens de l’acte créatif à son mouvement en salle. Du 29 février au 8 mars, l’équipe du Polygone et la compagnie L’Art de Vivre rendent ainsi un vibrant et intelligent hommage à Jean-Paul Curnier, usant également du cinéma comme chemins de traverse pour mieux appréhender son œuvre, ses gestes, le fil de l’eau de ses pensées. Une manifestation qui démarrera, le samedi 29 février, par la séance de La Belle Humeur de Jean-François Neplaz, œuvre magistrale qui précise, par instants, ce qui put lier les deux hommes, et comment tous deux ont pu travailler ensemble, y compris dans la fondation du Polygone. Séance qui sera suivie d’une poignée de films réalisés par et avec Jean-Paul Curnier, présentés par Alphonse Clarou, Yolande Padilla, Colette Tron et leurs réalisateurs. Quatre films réalisés dans le cadre du projet de Revue, série de résidences d’artistes en Vaucluse imaginée par Jean-Paul Curnier et Yves Fravega. Le lendemain, après les séances, derechef en présence de Jean-François Neplaz, de Au théâtre, Besoin de rien et Manifeste de l’art approximatif, l’équipe organisatrice reviendra, à partir d’archives documentaires, sur l’expérience que connurent Jean-Paul Curnier et Guy-André Lagesse, concevant et réalisant Mari-Mira, l’esprit cabanon, une installation évolutive et transportable, qui voyagera durant plus de dix ans de l’île Maurice à Paris, en passant par l’Afrique du Sud, Marseille ou les îles Fidji. Une approche cinématographique de l’écrivain et philosophe, comme écho à son œuvre, qui s’achèvera par la projection du fameux Notre musique, de Jean-Luc Godard, où Jean-Paul Curnier joua son propre rôle.

 

Emmanuel Vigne

 

Comme si rien était… À la découverte de Jean-Paul Curnier : du 29/02 au 8/03 à Marseille.

Rens. : www.theatrejoliette.fr/spectacle/comme-si-rien-etait

Le programme complet de la manifestation Comme si rien était… ici