Charlie Jazz Festival

Label bleu

 

À Charlie Jazz, on a toujours su assembler les meilleures saveurs du jazz contemporain. Comme si l’expérience de la résistance au fascisme provençal, durant les sinistres années Mégret, avait donné des ailes à l’équipe organisatrice, convaincue de l’éternelle jeunesse des musiques qu’elle défend.

 

 

Évidemment, tout commence en fanfare. Massilia Brass Bounce prendra un malin plaisir à faire bouléguer les tafanaris dans une sarabande groovy à souhait, avec de géniaux soufflants régionaux (dont le Néo-Orléanais phocéen d’adoption Cleveland Donald). La Vertu ouvrira la seconde soirée : un patronyme révélateur de l’esprit décalé qui règne souvent dans le milieu des brass-bands les plus exigeants. Gradisca, quant à eux, déploieront une furia balkanique made in Montpellier.

Sur la scène du Moulin, place aux jeunes pousses les plus convaincantes. Comme des avant-premières parties excellentes et enjouées. Le trio Serket & The Cicadas, emmené par la sémillante pianiste Cathy Escoffier, avec Guillaume Renard (basse électrique) et Julien Heurtel, y livrera son nouveau répertoire, Western imaginaire. Le duo Laura Perrudin (harpe chromatique électrique, voix, effets, looper) et Salami Rose Joe Louis (synthétiseurs, voix, boîte à rythme, effets, looper… sans tranches) livrera son mix tangentiel d’improvisations débridées et de hip-hop expérimental ouvrant des horizons d’émotions contrastées. Avec les toulousains Édredon Sensible, impossible de s’endormir : leur furia punk aux improvisations débridées et exigeantes devrait faire se lever de leur siège les spectateurs en mal de pogo.

Sur la grande scène des platanes, emblématique du domaine de Fontblanche, les premières parties de choix s’exprimeront pour un public réputé pour son écoute empathique. Le pianiste Yaron Hermann proposera des variations autour de son album solo, Alma, en forme d’introspection partagée. Le groupe Asynchrone rendra hommage au génie du pionnier nippon des musiques électroniques, Ryūichi Sakamoto, également compositeur de musiques de films, avec une instrumentation pour le moins incongrue (violoncelle et synthétiseur, entre autres). Enfin, le dernier soir, place au allstar transatlantique propulsé par Émile Parisien : le sax soprano qui frotta ses culottes sur les bancs de la classe de jazz du collège de Marciac a enrôlé rien de moins que le génial trompettiste Theo Croker pour son répertoire Louise, inspiré par les œuvres de la plasticienne Louise Bourgeois.

Quant aux têtes d’affiche, ce sont des stars du jazz qui s’exprimeront sous les platanes. Anouar Brahem, immense oudiste, viendra rappeler tout ce que la rive Sud de la Méditerranée peut encore apporter au jazz. La diva Youn Sun Nah, enfin de retour de Corée après la sinistre pandémie, donnera un récital lorgnant vers l’électro-pop, entourée de redoutables musiciens improvisateurs, sans oublier de sortir son kalimba. Le vénérable Kenny Barron, lui, déploiera tout son art du swing post-bop dans un maelstrom synthétisant le meilleur de l’histoire du trio piano-contrebasse-batterie.

Le festival Charlie Jazz ne serait rien sans ses Dj qui invitent à faire danser pieds et neurones jusqu’au bout de la nuit. Les piliers marseillais des platines Selecter The Punisher et Dj Oil seront là avant de laisser les machines pour le dernier soir à la Dj & productrice écossaise Rebecca Vasmant, qui insuffle une fraîcheur à la dance music grâce à son amour pour le jazz.

Un quart de siècle dignement fêté donc, pour un festival ignorant la routine.

 

Laurent Dussutour

 

 

Charlie Jazz Festival : du 7 au 9/07 au Domaine de Fontblanche (Vitrolles).

Rens. : www.charlie-jazz.com

La programmation détaillée du Charlie Jazz Festival ici