Carte blanche à Komm’n’Act dans le cadre des Rencontres Parallèles 03

Carte blanche à Komm’n’Act dans le cadre des Rencontres Parallèles 03

La jeune et ambitieuse équipe de KOMM’N’ACT présente la troisième édition des Rencontres Parallèles, alléchante manifestation consacrée aux artistes émergents d’Europe et de la Méditerranée. Lou Colombani, directrice de ce festival exigeant et prometteur, répond à nos questions, avant de se pencher plus avant sur les propositions qui en feront l’ouverture.

L’interview : Lou Colombani

Lou-Colombani.jpgLe choix d’une programmation européenne pour cette nouvelle édition peut-il être considéré comme un acte politique ?
La programmation est européenne et, pour la première année, méditerranéenne. L’Europe, c’est un outil géopolitique et commercial. Il y a l’envie de questionner l’Europe culturelle : existe-t-elle ? Quel est le socle commun ? Qu’est-ce qui reste comme singularité d’une culture nationale au sein d’une entité européenne ? Il y a l’envie d’élargir les horizons, d’ouvrir les portes et de faire entrer l’air. Marseille est une ville de circulation ; l’idée, c’est de démultiplier des forces en termes de diffusion et de production pour les artistes. Parce qu’on constate que c’est une région qui fonctionne souvent en vase clos.

Est-ce pour cette raison que vous avez pensé aux Bulles d’artistes et aux Regards croisés ?
Pour moi, c’est la couleur du projet : mettre ensemble et rassembler les forces. Les Bulles d’artistes permettent une appréhension plus profonde du travail de l’artiste, d’échapper à une représentation romantique, sacralisée, de l’artiste touché par la grâce. Il y a aussi l’envie de sortir le public de la consommation de spectacle : on vous donne les clés du processus de création pour que vous soyez maître de ce que vous allez voir. Ça permet également à l’artiste de quitter son isolement : il est mieux compris, il y a une relation qui s’installe, et une meilleure appropriation de son travail. Les artistes programmés sont tous dans une recherche très exigeante et pointue, mais restent ouverts sur l’extérieur ; ils ont le souci que leur travail soit partageable et partagé ! Quant aux Regards croisés, c’est un moyen ludique de donner une clé immédiate de la transformation qu’opère un artiste : un matériau commun est envoyé à tous, et chacun réagit à sa manière. On verra qu’il y a autant de réactions que d’artistes : cela met en valeur leurs différences et leurs approches singulières.

Qu’est-ce qui vous fera dire de cette édition qu’elle a atteint son objectif ?
La qualité artistique bien sûr ! Nous avons une grande confiance dans les projets que l’on accueille, mais le spectacle vivant n’est pas une science exacte et reste fragile. On espère que les artistes seront bien dans leur travail et que ce sera communiqué. Evidemment, on voudrait qu’il y ait du monde et que le public soit varié, avec des professionnels avides de découvrir une jeune génération d’artistes, mais aussi des gens curieux qui se disent « que nous proposent ces jeunes gens ? Ils viennent des quatre coins de l’Europe : qu’ont-ils à nous dire ? » Et que la rencontre opère. Cela s’appelle les Rencontres Parallèles. C’est un terme un peu galvaudé, mais qui traduit vraiment l’objet de notre projet : qu’il y ait une ouverture et une envie de rencontrer ces artistes-là.

De par sa dimension européenne (et méditerranéenne), le festival semble s’inscrire parfaitement dans le projet de Marseille Provence 2013. Envisagez-vous quelque chose pour la capitale européenne ?
Un projet est déposé, mais nous n’avons rien de concret pour l’instant. Nous avons eu beaucoup de rendez-vous, mais pas d’avancée notable…
Propos recueillis par Diane Calis

Rencontres parallèles 03 : du 19 au 28/05 à Marseille (Friche la Belle de Mai, cinéma Les Variétés, Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine, Histoire de l’Œil et cipM). Rens. 04 91 91 50 26 / www.komm-n-act.com

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Focus

Carte blanche à Alexander Schellow
Artiste allemand, il vit à Berlin et vient des arts visuels. En France, on a pu voir son travail au Centre Pompidou. Son procédé de travail est toujours le même : il pratique le pointillisme à l’encre de Chine sur papier calque. Il est dans un processus de remémoration ; il déambule dans des villes puis s’isole et ré-invoque le souvenir d’une scène qu’il a observée. Pour cette carte blanche, il va travailler à l’échelle de la ville sur trois projets axés sur une relation particulière avec les habitants marseillais.
_Du 19 au 28/05 au Variétés et du 20 au 28/05 à la Cartonnerie (Friche la Belle de Mai) + performance le 23 à la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine

Vanessa Santullo – Trilogie Romaine
Artiste franco-italienne, elle a fait une résidence à Rome où elle a réalisé un triptyque sur cette ville. Elle a choisi Rome en tant que cité mythique, mystérieuse et fantasmée, et en a filmé ses archétypes. Chaque film traite un aspect fort : la population dans Roma 07 ; le romantisme et la sérénade à l’italienne dans Séréna é le due Matteo ; et la garde d’Etat (qui porte un costume rappelant celui des Playmobils), en traitant comme un ballet la mécanique de ces fonctionnaires, dans Forza Playmobil.
_Du 20 au 28/05 à la Cartonnerie (Friche la Belle de Mai)

IRMAR (Institut des Recherches Menant à Rien) – Du caractère relatif de la présence des choses
Ce sont des gens issus de l’ERAC (Ecole Régionale d’Acteur de Cannes), assez loufoques et très créatifs ! L’IRMAR pense qu’il y a trop de chose et choisit de travailler sur le rien. Que génère le rien ? Que dit-il ? C’est plein d’humour et assez déroutant, ils font de la récupération d’objets (une roue, un sac plastique, un vieux magnéto…), qu’ils font parler. Les spectacles sont plutôt silencieux, les acteurs manipulent et observent avec des présences très fortes. Ils s’inspirent de John Cage, du mouvement Dada, et parlent du monde sans faire de discours. C’est drôle et singulier.
_Les 19 & 21/05 à la Cartonnerie (Friche la Belle de Mai) + Bulle d’artiste le 20 à la galerie des Grands Bains Douche de la Plaine

Yaïr Barelli – Ce ConTexte
Danseur et chorégraphe israélien, il travaille sur l’épure : son spectacle démarre comme une page blanche. Si ça n’a pas changé (!), il commence dans le public et se laisse imprégner par les odeurs, les sons et de là, les yeux fermés, il va sur le plateau et se lance dans sa performance. Il a juste une trame, le texte n’est pas figé. Il travaille sur la parole automatique, sur ses sensations. C’est le contexte qui fait la performance, le lien entre lui et le collectif du public.
_Les 19 & 20/05 au Petit Théâtre de la Friche la Belle de Mai + Bulle d’artiste le 23 à la Cartonnerie