ça planche n° 189

ça planche n° 189

Les Noceurs, par la Cie No Tunes International
Arts/Rue/Essais : répétitions publiques de spectacles de rue
Karl Marx, le retour, par la Cie du Mini-Théâtre
L’histoire d’amour de Roméo et Juliette, par Le Cartoun Sardines Théâtre

Les Noceurs
_Par la Cie No Tunes International
Deux hommes sortent de boîte de nuit. La cinquantaine passée, Fred et Teddy sont des serial noceurs : les virées nocturnes, la bringue, les soirées bien arrosées et les rencontres féminines n’ont aucun secret pour nos deux « vieux beaux » en goguette. Mais cette nuit, ils rentrent bredouille. Et seuls, tels Estragon et Vladimir attendant Godot, ils devisent en déambulant sous les yeux des spectateurs/passants. Ils reviennent sur cette nuit, mais aussi sur leurs vies, celles d’hommes un peu paumés « qui ont vu leur mère au foyer, leur femme au travail et leur fille au pouvoir » et qui tiennent encore debout par ennui ou espoir vain. Sous la houlette de Fabrice Watrelet et avec la complicité de l’auteur Emmanuel Schaeffer, la compagnie No Tunes International nous emmène sur les pas de l’homme du XXIe siècle, autant macho que sensible, lâche que maladroit. Et nous raconte à sa manière, joyeuse, impétueuse, audacieuse, l’une de ces petites histoires qui font la grande, ou comment l’intime peut traduire l’universel.
_Le 26 au départ du Bar Longchamp Palace

Arts/Rue/Essais
_Répétitions publiques de spectacles de rue
Avec le printemps, les arts descendent dans la rue. Voici donc déjà venu le temps de la cinquième édition de la manifestation proposée par Lieux Publics qui permet à des jeunes compagnies de se frotter à la réalité de la ville et du public, en présentant leurs projets en cours. Avec Soli In Situ, la compagnie La Truc propose un voyage électro-cosmique dans l’espace et le mouvement du corps, confrontant l’environnement du lieu avec le potentiel créatif des nouvelles technologies. En mettant en scène — ou plutôt en cage — deux spécimens d’une espèce en voix d’autodestruction (l’homo sapiens), la compagnie Les Transformateurs interpelle quant à elle le spectateur avec Les étranges, l’interrogeant sur ses propres libertés et sur l’absurdité de ses comportements. Dans un style plus « traditionnel » mêlant théâtre gestuel, danse et improvisation, les compagnies Princesses Peluches et Tout Samba’L nous mèneront sur les traces de personnages hauts en couleurs, entre rêve et réalité.
_Les 27 & 28 à Aubagne

Karl Marx, le retour
_Par la Cie du Mini-Théâtre
Ironie du sort : alors que, sous la pression « populaire », Dieu vient de lui accorder un bref congé terrien, Karl Marx se retrouve propulsé au XXIe siècle, loin de son quartier londonien, par la faute d’un cafouillage bureaucratique… Il découvre, furieux, que ses idées ont été déformées jusqu’à être identifiées aux cruautés staliniennes… La parole de Marx offre un éclairage troublant à la société occidentale contemporaine, à une époque où le capitalisme n’a plus vraiment de quoi triompher, et particulièrement en ces temps électoraux troublés. Howard Zinn nous propose de la retrouver à travers cette farce où l’auteur du Capital se livre sans détours. Dans ce joyeux monologue, qui tient sans doute plus de la contre-information que de la vulgarisation, on découvre un Marx démythifié, aussi visionnaire qu’intolérant, aussi intelligent qu’insupportable, aussi touchant qu’injuste… Bref, humain. Mis en scène par Joëlle Cattino, Yvan Romeuf revêt pendant plus d’une heure la barbe de l’historien pour donner chair à ce grand homme et corps à ses conceptions. On a hâte de voir ça.
_Du 27/04 au 12/05 au Théâtre de Lenche

L’histoire d’amour de Roméo et Juliette
_Par Le Cartoun Sardines Théâtre
Dans le cadre de la manifestation « Les Baumettes se font la Belle… Action, Solidarité, Prison », qui a pour but de présenter les différentes réalisations des détenus participant aux ateliers culturels, le Cartoun Sardines Théâtre nous refait le coup de la réinvention théâtrale. Rompue à ce type d’exercice, à des relectures tout aussi décalées que jouissives de grands classiques du théâtre, la joyeuse troupe s’est attachée cette fois-ci à revisiter les tourments amoureux de Roméo et Juliette. Comme à l’accoutumée chez nos amis du Cartoun Sardines, la forme, décalée, azimutée et burlesque prend le pas sur le fond (de commerce) de la trame de Shakespeare. S’il est bien question d’une histoire d’amour contrariée, les CST passent sous silence la complexité et les « seconds rôles » de l’antienne intrigue. Seule sur scène, jouant plusieurs rôles et ne faisant plus qu’une avec la poursuite, Valérie Bournet porte tous les personnages, dont le « contiste » Seraphin, et les éclats de la langue du dramaturge anglais. Original, musical, universel et pétillant, ce spectacle est un très beau poison d’avril. _Le 29 à la Friche la belle de Mai

CC /FG / HS