ça planche n° 178

ça planche n° 178

Encore la Fontaine en Zik-Zag d’après La Fontaine et James Finn Garner par la Cie Débrid’Arts Production
La voix souterraine d’après Fédor Dostoïevski par la Cie Soleil Vert
La traversée de et par Marianne Fontaine (Cie Avril 65)
Les athlètes dans leur tête de Paul Fournel par André Dussollier
Matri(k)is par la Cie La Baraka

Encore la Fontaine en Zik-Zag
_d’après La Fontaine et James Finn Garner par la Cie Débrid’Arts Production Une fois n’est pas coutume, cette rubrique sera consacrée exclusivement aux alentours de Marseille, où la semaine s’annonce chargée sur les planches. Et une fois n’est pas coutume, c’est par un spectacle plus particulièrement destiné aux enfants que démarrent les festivités.
Dans Encore la Fontaine en Zik-Zag, Judith Arsenault s’inspire de la vision décalée de James Finn Garner pour adapter deux fables de La Fontaine à la sauce satirique. Où la cigale, un peu flemmasse mais si joyeuse, devient une enfant de Don Quichotte, tandis que cette stakhanoviste de fourmi se retrouve en prison. Où le lapin, frimeur et branché invétéré, défie à la course une tortue un peu hippie et très has been devant une horde de supporters déchaînés. Où l’on s’amuse des maux des sociétés contemporaines, où l’on raille la compétition ravageuse qui les régit, avec des mots toujours d’actualité et en musique, s’il vous plaît !
_Mercredi 7 au Théâtre de l’Eden (Sénas)

La voix souterraine
_d’après Fédor Dostoïevski par la Cie Soleil Vert
Trois hommes sont assis, en cercle, sur des chiottes. D’entrée de jeu ils nous rappellent la pauvre fonction organique de l’homme. Et donc sa condition limitée : avaler, ingurgiter pour déféquer. Ce sont les entrailles de ces hommes qui vont parler. A travers tous leurs orifices, une merde allégorique va jaillir. Image de la société, d’une société qui véhicule une norme de… merde. Laurent de Richemond, toujours dans la poursuite d’une confrontation théâtre/réel, s’approprie la puissante écriture de Fédor Dostoïevski. La Voix souterraine mélange une vérité crue et univoque avec un discours ontologique à trois voix, en résonance, où personne ne semble se comprendre. La mise en scène, proche d’un travail plastique froid et dépressif, rend l’exercice encore plus surprenant.
_Mercredi 7 au Théâtre Antoine Vitez (Aix-en-Pce)

La traversée
_de et par Marianne Fontaine (Cie Avril 65)
Pendant l’hiver 2006, la comédienne Marianne Fontaine effectue seule et en train, à bord du Transsibérien, le long et mythique voyage qui relie Moscou à Pékin. Revenue chargée d’émotions et d’images, elle monte cette extraordinaire aventure sur les planches. Cette traversée du désert blanc est aussi, pour elle, la traversée de soi. La solitude, le silence amènent Marianne Fontaine à interroger sa personne, son être et sa sensibilité tandis que défilent les nombreux fuseaux horaires. L’actrice/metteuse en scène questionne aussi le temps qu’elle voit, qu’elle sent passer. Un temps qu’elle touche presque du bout des doigts et qui laissera ses marques, inévitablement. De la Russie à la Chine, c’est la vie qui se construit, qui s’étale. Comme un instant plein de majesté, comme un moment de réalité différente, fragile, nouvelle… N’oubliez pas votre ticket !
_Les 9 & 10 à l’Escale Saint-Michel (Aubagne)

Les athlètes dans leur tête
de Paul Fournel par André Dussollier
« On est allés chercher les trois points », « Il ne faut pas sous-estimer l’adversaire », « L’important, c’est le collectif » : on a tous — et maintes fois — entendu ces petites phrases toutes faites sortir de la bouche de sportifs peu enclins à la causette. Autant d’automatismes qui laissent planer le mystère sur leurs réelles pensées. Qu’y a-t-il derrière la sueur, derrière l’effort, la fatigue, la victoire ? La pièce de Paul Fournel dévoile ce que les athlètes ne disent jamais devant les caméras : le doute, les peines, les joies, l’angoisse… Dans un décor réduit à sa plus simple expression, enfilant tour à tour gants de boxe et short cycliste, flottant et casaque, André Dussollier donne vie et parole à ces dieux (du stade) des temps modernes. Il s’empare avec brio de la langue de Tournel pour raconter le chemin sinueux de ces êtres si « singuliers » prêts à se damner pour quelques instants de gloire. Il marque l’essai. Et le transforme.
_Du 12 au 17/02 au Théâtre du Jeu de Paume (Aix-en-Pce)

Matri(k)is
_par la Cie La Baraka
« J’ai toujours eu depuis tout petit la conscience qu’un homme est aussi une femme et qu’une femme est aussi un homme. C’est quelque chose qui me paraît être une évidence. » Depuis qu’il a fondé La Baraka en 1997, Abou Lagraa n’a eu de cesse d’interroger cette dualité, mais aussi l’identité sexuelle, la dépossession, la solidarité féminine… Autant de thèmes qu’il se propose d’approfondir dans sa nouvelle création. Diptyque mêlant hip-hop et danse contemporaine et s’articulant autour de la symbolique des couleurs et des fleurs, Matri(k)is entend rendre « hommage à la figure de la femme, mère, sainte ou catin ». Ce sont pourtant des corps masculins qui ouvrent le bal avec un duo évoluant dans un univers aquatique, avant de céder la place à huit femmes « liées par une complicité forte et secrète ». Une danse fluide, l’événement chorégraphique de la semaine.
_Les 13 & 14 au Théâtre des Salins (Martigues)