Bilan : les 10 concerts de l'année

Bilan : les 10 concerts de l'année

Musique-Cut-Chemist.jpgCut Chemist @ Cabaret Aléatoire (le 24 février)
Cet homme est un génie ! Bien plus que la virtuosité manuelle du Dj californien, c’est sa manière de raconter une histoire qui impressionne, son souci constant de regarder et de jouer avec le public, de mêler musique et images avec maîtrise et humour… Un set de Cut Chemist ressemble plus à un concert qu’à une performance de turntablist : il se passe quelque chose sur scène, les disques prennent vie pour nous (et avec nous). Ses sets sont imparables, obscurs et accessibles à la fois, en un mot : universels.

musique-oxmo.jpgOxmo Puccino @ l’Affranchi (le 16 mars) Dans le paysage rap français, Oxmo fait figure d’exception. On connaissait jusque-là sa plume et son phrasé, sa corpulente présence et son sourire bonhomme. Mais pour défendre son dernier album sorti chez Blue Note, le garçon est venu à L’Affranchi accompagné de musiciens – aussi classieux que leurs impeccables costards. Leur prestation frôlait la perfection : jamais un artiste français issu du hip-hop n’avait maîtrisé à ce point le sens du récit et de la scène, avec un final rock’n’roll pour le moins détonant…

musique-Nosfell.jpgNosfell @ Poste à Galène (le 28 mars)
Il parle une langue imaginaire, nous conte les histoires d’un pays qui n’existe pas, et met en musique ses drôles d’élucubrations. Nosfell n’est pas un doux rêveur, c’est un poète, un musicien inspiré, un vocaliste hors norme et aussi un danseur au corps androgyne et superbe. Son passage au Poste à Galène restera comme un grand moment de musique, presque de théâtre tant sa présence hypnotise nos regards : oui, nous avons goûté aux plaisir inconnus d’une expérience musicale nouvelle.

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Babel Med Music @ Dock des Suds (du 29 au 31 mars)

Concerts, conférences, lieu de rencontre pour professionnels : en 2007, le festival Babel Med continue de lutter à sa manière pour la diversité musicale. Outre la confirmation du talent d’Ilene Barnes et de Nathalie Natiembé, la surprise est venue cette année du sud de l’Italie avec le quatuor Assurd et son irrésistible tarentelle, et de Turquie avec le oud électrique de Baba Zula, qui mariait psychédélisme rock et transe orientale. Babel Med Music confirme sa place singulière dans le paysage des « autres musiques » : elle est Babel la vie ?

musique-chick.jpg!!! @ Cabaret Aléatoire (le 1er avril)
Le concert de l’année, sans exception. Première venue à Marseille pour le groupe américain, Cabaret bien rempli et en surchauffe : avant même que ça commence, l’excitation était à son comble. Après, tout cela releva purement et simplement de la transe : un cocktail hybride et tribal de (kraut)rock et (afro)funk, avec chanteur allumé en short et galure piqué à l’un de nos journalistes. Le concert était organisé par les Girlz In The Garage (Marseille). Merci les filles : même dans la pénombre de l’underground, you shine.

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Woven Hand @ Espace Doun/Rognes (le 8 juin)

Assis au milieu de la scène, David Eugene Edwards prie. Ses premiers mots après le concert sont pour Dieu, il remerciera le public plus tard. Cette image résume bien cet exceptionnel concert : une musique hantée, une voix sombre et profonde, et un lieu magnifique qui nous permet d’être très proches de la scène. L’ancien leader des 16 Horsepower livre en concert le meilleur de lui-même, et ses chansons ressemblent à des sermons rock’n’roll qui nous emplissent d’une indescriptible joie… In Woven Hand we trust !

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Daft Punk @ Arènes de Nîmes (le 26 juin)

Ce soir-là, nous étions en train de boucler notre dernier numéro de la saison : le spécial (F)estival(S), annonciateur d’un été que les Daft Punk allaient catapulter dans une autre dimension. Donc, nous n’y étions pas… ou presque : un valeureux pigiste, pour ne pas dire le plus hédoniste, avait fait le déplacement. En général, son truc à lui, c’est la techno minimale. Or il s’est pris un retour de maximale en pleine tête, son et lumières, communion extatique en plein air : au moins un qui pourra en parler à ses gamins…

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Arcade Fire + Arctic Monkeys @ Arènes de Nîmes (le 22 juillet)

L’un des temps forts de l’été. Diablement efficaces, les gamins de Sheffield entament les hostilités avec un set d’une énergie débordante, enchaînant les hits avec un plaisir évident (et communicatif). Mais la claque viendra du concert d’Arcade Fire, un vertigineux délire symphonique, un feu d’artifice à la fois visuel et sonore, les Canadiens, tour à tour bouleversants et loufoques, nous gratifiant même d’une reprise survitaminée de Poupée de cire, poupée de son. Monumental.

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Spoke Orchestra @ l’Affranchi (le 3 novembre)

Spoke Orchestra n’existe pas : c’était donc le nom de leur nouvel album, et le cruel constat auquel nous avons assisté, impuissants, dans cette salle de périphérie où seule une quinzaine de personnes avaient fait le déplacement. Celles-ci se souviendront encore longtemps de cette équipée fantastique, entre poésie brute de décoffrage (qui a dit slam ?) et bande-son iradiée de lumière noire. Un univers qui sent la zone, et ce soir-là, celle-ci était déserte. Mais pleine de promesses : les Parisiens reviendront à la Friche à la rentrée 2008.

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Rufus Wainwright @ Espace Julien (le 14 novembre)

Trois heures de concert, un entracte, des lumières éblouissantes… L’Espace Julien a revêtu le temps d’un soir les habits pourpres d’un cabaret décadent, où le raffinement désuet du dandy canadien nous a éblouis. Apparaissant dans des tenues de scène sidérantes, en costume à paillette façon Elvis à Vegas, en chanteur tyrolien, en peignoir, puis en Lisa Minelli période Cabaret dans un final très music-hall, Rufus menait la revue avec cet excès de préciosité qui le caractérise. Grandiose !