Bilan Expos 2011

Bilan Expos 2011

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Pascal Navarro – Boîte n°5 : Chambre d’écho
Du 4 au 28/02 à l’Espace Culture
Une installation toute en subtilité et délicatesse. Le geste de l’artiste, sobre, minimal, emprunte à Annie Ernaux des phrases extraites de son livre Les années, dans lequel elle tente de fixer pour l’éternité ce qui disparaîtra. En résonance avec l’intime de Pascal Navarro, les mots de l’écrivaine viennent aussi se nicher dans notre propre intimité (nos souvenirs, nos images), avant de disparaître lentement, libérés de la phosphorescence dans laquelle ils étaient baignés. En entrant dans la Chambre d’échos, le visiteur plonge dans un « avant », aidé par le son du projecteur diapo, pour un voyage dans le temps à la fois nostalgique et heureux.

RIAM08 : Olivier Ratsi, Frédéric Joseph Sanchez et Jean-Baptiste Ganne
Du 4 au 19/02 à la galerie Seize, à Où et à Vidéochroniques
Centrée cette année sur la dimension performative de l’art, la programmation visuelle des RIAM nous a donné l’occasion d’expérimenter de diverses façons la participation de l’art à une reconfiguration réelle et symbolique de l’espace social. Les trois artistes présentés ont affirmé leurs modes de création comme autant de modalités d’action : fragmenter et transformer les architectures urbaines avec les photos d’Olivier Ratsi ; faire vivre les images et les objets comme traces et vecteurs d’échanges humains avec Frédéric Joseph Sanchez ; multiplier les prises sur la réalité sociale et politique par une économie de moyens avec Jean-Baptiste Ganne.

Vincent Beaume et Claire Ruffin – L’Insomnante
Du 11/02 au 8/04/2011 à La Baleine qui dit « Vagues »
D’abord, le lit s’est forgé une place entre un photographe, globe oculaire trotteur, et une auteure comédienne. Puis, au gré des nombreux paysages traversés par cette équipe, une série de clichés aussi poétiques qu’incongrus s’est lovée sur papier. Sous des bogues, enneigée, en ville ou au bord de la falaise, la silhouette endormie se décline comme un cycle d’insomnies enfantant ses gestations. Parallèlement, des invités de tous âges sont venus poser leurs grains de sommeil sur l’oreiller et de textes en atelier d’écriture. Au final, une démarche qui délie les talents par impressions superposées dans la chambre d’un imaginaire partagé.

Caroline Duchatelet – Trois Films
Du 9/04 au 16/07 à la Compagnie
L’instant de grâce de 2011. Une scénographie minimale et pour cause, pas la peine d’en rajouter : les images de Caroline Duchatelet suffisent à embarquer le spectateur dans un autre rythme, vers un autre temps. On suit d’abord du regard les nuages qui passent (à l’envers ou à l’endroit ?, se demande-t-on) au-dessus d’une montagne… Juste ça… Juste comme ça… Et puis l’on pénètre dans un cube noir dans lequel l’artiste nous enferme. Et là, lentement, on distingue l’image. Une image qu’on a gardée en rentrant chez soi, le soir en s’endormant et qui ne nous avait pas quittés le lendemain matin. Une image, des images, d’une poésie folle, qui ne nous quitteraient plus…

Caroline le Méhauté – Cocotrope (Printemps de l’Art Contemporain)
Du 12/05 au 23/07 à la galerie du Château de Servières
Fraîchement diplômée des Beaux-Arts de Marseille, Caroline Le Méhauté avait déjà marqué les esprits l’an passé avec son mur monumental sorti de terre au Festival des Arts éphémères. Et ce solo show, proposé dans le cadre du PAC, en a bluffé plus d’un ! Ses sculptures, formes biomorphiques de tourbe de coco, prennent possession de l’espace avec une assurance digne des plus grands, mettant à l’épreuve nos perceptions et nos sensations aussi bien que l’environnement. L’artiste rompt ici avec les poncifs de l’insupportable « Woman art », assumant avant tout un travail de la matière et des proportions qui sont les préoccupations des grands sculpteurs.

Berdaguer & Péjus (Printemps de l’Art Contemporain)
Du 12/05 au 15/07 à la galerieofmarseille
La scène artistique internationale se les arrache, mais la cité phocéenne semble les avoir oubliés. Pourtant, l’univers des deux Marseillais fascine quiconque se décide à y plonger. L’exposition rue de Chevalier Roze nous invite à entrer dans l’esprit tortueux d’Houdini, fil conducteur scénographique entre les différentes œuvres de Berdaguer et Péjus, qui explorent et mettent en résonance nos architectures psychiques et physiques, à l’instar de la Bulle de confiance diffusant de l’ocytocine ou de la vidéo Time Zone, référence explicite à la spirale Getty de Robert Smithon. D’où la question : à quand une rétrospective consacrée à notre duo d’artistes préféré ?

Collection Planque, l’exemple de Cézanne
Du 11/06 au 6/11 au Musée Granet (Aix-en-Provence)
Ou la possibilité de voir, comprendre et partager l’audace, la vision et l’intuition du grand collectionneur suisse Jean Planque, ami de Picasso et Debuffet. Forte de 120 pièces prêtées pour quinze ans au musée aixois, l’exposition dénombre seize Picasso, quinze Dubuffet et des ensembles exceptionnels de Rouault ou Bissière, mais aussi une œuvre et quelques esquisses de Jean Planque lui-même. Elle reflète ainsi les accents de cette collection exigeante et sans concessions, faite d’opportunités, de rencontres et de coups de cœur. Ici, tout se répond avec humanité et chaque tableau raconte une histoire, notamment celle d’un regard, d’une sensibilité.

Alias Ipin – Du goudron et des plumes
Du 29/09 au 19/10 à la galerie Andiamo
La démarche protéiforme (peinture, volume, sérigraphie, vidéo…) de Germain Prévost — Alias Ipin — consiste à clouer le bec à ceux pour qui les artistes issus du street art n’ont pas de suite sur les murs de leurs idées. Un parti pris autant humoristique qu’onirique : avec une maturité aux références foisonnantes, l’artiste déploie des ailes d’ingéniosité pour flanquer ses plumes sur le goudron de nos déboires. Par le biais d’assemblages judicieux et d’images « ipinales », il « taxidermise » l’attrait anxiogène pour l’effroi en désossant les peurs et met sous cloche le rêve brisé d’Icare pour approcher la face cachée de la boule qui s’est logée dans nos ventres.

Les Instants Vidéo
Du 4 au 13/11 à Marseille, en PACA et ailleurs…
En plaçant au cœur de sa programmation le dialogue entre révolutions poétiques, esthétiques et politiques, le festival international protéiforme nous a fait découvrir des installations vidéo saisissantes comme Terres arbitraires de Nicolas Clauss ou Men on Fire de Dominik Barbier, des performances détonantes comme Ma vie, mon œuvre, mes bugs de Michel Jaffrennou, ainsi que d’innombrables vidéos percutantes… Autant d’œuvres qui nous permettent de ressentir, d’expérimenter et de penser ensemble les rythmes du monde et ceux de la création artistique actuelle. A l’image de la manifestation : atypique et précieuse.

La Trocade
Du 24 au 26/11 à la rue de la République
2 049 trocs proposés aux 85 artistes présents, plus de 3 000 visiteurs en trois jours et une presse emballée (à juste titre)… Au-delà de ces chiffres témoignant du succès public et critique de la manifestation, l’initiative originale portée par Marseille 2013 et Mouv’Art aura été une réussite à bien des égards. Non contents d’accroître leur assise au sein de la vie culturelle locale, les activistes du Off ont su rendre l’art véritablement accessible à tous, ne serait-ce qu’un petit week-end, permettant la (re)découverte de talents locaux et offrant de belles tranches de rigolade à ses visiteurs/futurs collectionneurs potentiels.

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Mais aussi…
Raoul Marek – Vivre ou mourir à la GalerieofMarseille
Driss Aroussi – En chantier aux Archives et Bibliothèque départementales Gaston Defferre
Christophe Boursault – Peintre Patent Paré à la Galerie Porte-Avion
Tristan Favre au Musée Grobet-Labadié
Dominique Castell – El jardin del amor à la Tangente
Medhi meddaci – Ce qui est perdu… à la galerie HLM