Extraits de lettres

Bien à vous par Bretzel CompaGny à la Bibliothèque Bonneveine

Lettres perçantes

 

Cela n’aura échappé à personne : nous célébrons actuellement le centième anniversaire de la Grande Guerre. A cette occasion, la Bretzel Compagny a réuni des lettres de femmes écrites entre 1914 et 1918 et les livre avec justesse dans la lecture-spectacle Bien à vous. Des missives indispensables au moral des troupes, traduisant l’espoir déchu et la force incommensurable de celles qui vivaient et travaillaient à l’arrière.

 

De la Première Guerre mondiale, nous connaissons les complexes enjeux géopolitiques et les mythiques récits historiques. Certains soldats, à l’instar de Louis Barthas, ont eu la vaillance de transcrire dans de précieux carnets la vie quotidienne des poilus. Mais qu’en était-il des mères, des sœurs, des épouses, des amies maintenues à l’écart de cette infâme boucherie? Au cours d’un long travail de collecte de fonds — des greniers familiaux aux archives départementales, en passant par les blogs — les trois comédiennes de la Bretzel (marseillaise sous ses airs d’alsacienne) ont découvert des lettres de femmes, parfois encore empruntes de larmes ou de sang… Sur scène, l’émotion suscitée par la lecture de ces courriers est restée intacte. En affirmant que les mots prononcés ne supporteraient pas un jeu extériorisé ou démonstratif, Lætitia Langlet, Catherine Swartenbroekx et Muriel Tschaen sont d’une sincérité imparable. Elles s’occupent de tout au passage : mise en scène, lumière, costumes… une autonomie qui insuffle une belle profondeur au projet. De 1914 à 1918, les lettres s’échangent inlassablement, laissant les spectateurs découvrir chronologiquement la désillusion des Français, couronnée par la manipulation des informations officielles. Mais si la tragédie de ces années macabres est omniprésente, ces paroles font avant tout entendre la vie qui se réorganisait : le travail, la solidarité, l’entraide et le courage des femmes. Bien sûr aussi beaucoup de mots d’amour, des douceurs prononcées comme autant de pansements symboliques. Ces correspondances (records en nombre) lues et relues par les soldats sur le front valent bien l’autre carburant, plus connu mais définitivement moins bon pour la santé !

Diane Calis

 

Bien à vous par Bretzel CompaGny : le 5/12 à la Bibliothèque Bonneveine (124 avenue de Hambourg, Centre Vie de Bonneveine, 8e).
Rens : 04 91 25 10 10/ 04 91 73 51 12 / www.bmvr.marseille.fr

Pour en (sa)voir plus : www.bretzelcompagny.com