Cool post-Kid de Denis Brun

Barock + Mouvement perpétuel au Château Borély

La vie de Château

 

Le Château Borély, c’est décidément the place to be. Le musée se partage entre Mars en Baroque et le Printemps du BNM en accueillant deux expositions éphémères, raffinées et décalées.

 

Avec sa façade néo-classique, on n’imagine pas que le Château Borély puisse receler autant de surprises. Nouveau lieu d’accueil des collections Faïences, Arts décoratifs et Mode, le musée avait déjà profité de sa rénovation pour se fendre d’une déco intérieure moderne et d’un agencement totalement décalé par rapport aux pièces exposées. Ce coup de génie dû à la conservatrice du musée, Christine Germain, offre à l’exposition Barock un lieu on ne peut plus adéquat. « Ça a été très facile d’imaginer où irait telle ou telle pièce. Même si, au départ, les collections font très classique, la manière dont elles sont mises en scène montre une certaine extravagance, ce qui convient très bien au baroque », décrit Audrey Pelliccia de Sextant et plus, qui co-organise l’exposition avec le festival Mars en Baroque. Contemporaines et débridées, les pièces qui composent Barock jouent à cache-cache avec le public, se dissimulant à travers les différentes collections du château. « C’est un choix délibéré. On a voulu surprendre le public et mettre les œuvres à sa portée. C’était un coup de poker », résume Audrey Pelliccia. L’essai est transformé. On se prend vite à ce jeu de chasse au trésor. Sans se répondre, les œuvres ajoutées donnent encore une autre manière de voir les collections en place et respectent même une certaine cohérence en offrant un bestiaire de lapins et d’oursons, une tendance chère aux 17e et 18e siècles. Ici, le baroque ne se décline pas dans le style des œuvres mais s’attache au sens littéral du terme. « C’est un mot portugais qui désigne les perles mal formées. On connaît le style baroque, il est intemporel, on le retrouve dans tous les domaines et à toutes les époques. Or, avec cette exposition, on n’a pas voulu montrer son côté esthétique mais revenir à son sens premier. Résultat, certaines œuvres ont ce côté bricolé, pas fini, décalé. » A la fin de ce parcours, Borély réserve une dernière surprise en dévoilant l’exposition Mouvement Perpétuel, dans le cadre du Printemps du BNM. Loin de la fantaisie baroque, on découvre, dans la galerie tamisée de l’étage, certains costumes du Ballet National de Marseille. Au-delà du simple regard esthétique que l’on porte sur ces étoffes précieuses, c’est l’histoire même du costume et son utilité qui sont ici célébrées. Au fur et à mesure de nos déambulations, on imagine le travail qui a réuni chorégraphes, artistes et couturiers pour donner vie à ces pièces uniques. Avec ces deux expositions éphémères, Borély joue la carte de la diversité et, surtout, de l’originalité, offrant à son public la vie de château.

Aileen Orain

 

Barock + Mouvement perpétuel : jusqu’au 11/05 au Château Borély (134 Avenue Clôt Bey, 8e).
Rens.www.sextantetplus.org / www.ballet-de-marseille.com