Barbe-Bleue, la morale et Badaboum !

Barbe-Bleue, la morale et Badaboum !

« Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d’or et d’argent, des meubles en broderies et des carrosses tout dorés. Mais, par malheur, cet homme avait la barbe bleue : cela le rendait si laid et si terrible, qu’il n’était ni femme ni fille qui ne s’enfuît de devant lui… »

La Barbe-Bleue, voici donc l’histoire que nous conte le Badaboum théâtre ces jours à venir. Et s’il est l’un de nos contes de fées les plus populaires, La Barbe-Bleue est le seul personnage qui ait pour nom une bizarrerie physique : une barbe bleue. L’histoire, on s’en souvient toujours plus ou moins. En interdisant à sa jeune épouse l’accès au « petit cabinet noir », la Barbe-Bleue excite sa curiosité sans pour autant la satisfaire. Ce qui est bien suffisant pour nous convier au récit. De multiples histoires ont jalonné l’histoire-même de ce conte, jusqu’à ne plus savoir, si c’est un fait divers qui a été à l’origine du conte ou si c’est le conte qui a été transformé par la célèbre légende de Gilles de Rais… Dans la mise en scène de Laurence Janner, le spectacle commence par un prologue dans lequel un comédien tente de dire ce qu’est le théâtre, mais se voit constamment interrompu par une femme qui chantonne Renaud le tueur de femmes (Chant populaire du Nivernais). Le deuxième volet laisse les deux comédiens nous évoquer l’histoire et finalement, la dernière partie du spectacle fait éclater le lyrisme du langage par la lumière, les images et le son. Le plateau du théâtre devient une grande porte, un livre de contes ouvert. L’espace du Badaboum, que l’on connaît bien, est cet espace réduit qu’on ne saurait occulter et qu’il faut apprivoiser. Le décor se veut alors énormément présent (il s’agit d’un château tout de même !) tout en s’effaçant devant le texte, les mots et les images. En ce qui concerne la morale de l’histoire, pour peu qu’on ait l’esprit sensé et que du monde on sache le grimoire, on voit bientôt que cette histoire est un conte du temps passé. Il n’est plus d’époux si terrible, qui demande l’impossible, fût-il malcontent et jaloux. Près de sa femme on le voit filer doux et, de quelque couleur que sa barbe puisse être, on a peine à juger qui des deux est le maître. Non ?

Sophiecolette