Archipélique au [mac], Musée d’art contemporain

Archipélique au [mac], Musée d’art contemporain

Bel archipel-mêle

Le [mac] prend un coup de jeune : une quarantaine d’étudiants des Beaux-Arts de Luminy s’est installée dans un îlot sans thématique, à deux pas de la collection permanente.

expo-ARCHIPELIQUE-Svenja-We.jpg« L’art est un cheminement studieux vers une école buissonnière », disait Robert Mallet. Ici, sous la brillante impulsion de Florence Ballongue (chargée de communication à l’ESBAM), nos artistes fraîchement diplômés ont pu se frotter à l’expérience muséale collective avant de prendre leur envol. Ils ont fait leurs nids dans cinq salles successives, encadrés par leurs enseignantes, Anita Molinero (sculpteur) et Lise Guéhenneux (designer), assistées par Luc Jeand’heur.
Ce très bon cru, aux intentions hétérogènes, mais dont les matériaux forts et sensibles trouvent une cohérence à travers les accords formels orchestrés par l’œil expert d’Anita Molinero, nous réserve une multitude de réalisations singulières autour de l’altérité, de la culture urbaine, résiduelle ou poétique. On a particulièrement aimé, entre autres, les portraits énigmatiques de Frédéric Neu (aux formats aussi variés que ses techniques sont mixtes), les sérigraphies anatomiques de Kim Cousinard, la bûche soufflante de Roberto Verde, les peintures (médaillons canins et baraques à frites) d’un Vincent Drouhot maniant l’autodérision aussi bien que l’ironie, ou encore les installations de Svenja Weber et de Martin Aullas… En piétinant avec jubilation la vidéo projection interactive Modélisation intuitive de la ville 2.0, on est immergé, par le biais d’une cible numérique avec capteurs de mouvements, au cœur de la frénésie ou du calme de la métropole. Outre la conception, Lei Zhao s’est chargé de capter des images de Marseille et de sa cité natale chinoise — visions qui nous ramènent à un statut de promeneur certes enclavé dans une technologie progressiste, mais libre de ses choix directionnels. Des projets d’architecture à la fois utopistes et pragmatiques, dans La ville réactive d’Ekaterina Ustinchenko, s’amusent à creuser l’adaptabilité et la modularité. Jennifer Fréville, designer en herbe, sillonne quant à elle des territoires tout en finesse, inspirés de motifs végétaux : son papier peint Histoire naturelle et son impression sur coton (constellée d’excroissances cousues) intitulée La chair, qui viennent englober le fauteuil de Charles Eames, rappellent la douceur d’un cocon retrouvé.
Malgré quelques imprécisions, souhaitons que ce bain de jouvence au sein du vivier artistique devienne une institution annuelle afin d’en pérenniser encore davantage la visibilité publique.

Texte : M. Nanquette-Querette.
Photo : Eric PASQUIOU

Archipélique. Jusqu’au 11/01/09 au [mac], Musée d’art contemporain (69 avenue d’Haïfa, 8e). Rens. 04 91 25 01 07