Après lui - (France – 1h34) de Gaël Morel avec Catherine Deneuve, Thomas Dumerchez, Elodie Bouchez…

Après lui – (France – 1h34) de Gaël Morel avec Catherine Deneuve, Thomas Dumerchez, Elodie Bouchez…

Pour beaucoup de cinéphiles, Gaël Morel restera cet adolescent introverti et tourmenté qui faisait la découverte de l’homosexualité dans Les roseaux sauvages d’André Téchiné. Acteur avant…

Petits arrangements avec les morts

Pour beaucoup de cinéphiles, Gaël Morel restera cet adolescent introverti et tourmenté qui faisait la découverte de l’homosexualité dans Les roseaux sauvages d’André Téchiné. Acteur avant d’être réalisateur, il est, comme on dit, « passé de l’autre côté de la caméra », et pour cela il lui a juste fallu en faire le tour. Habitué à nous montrer la trouble sensualité des corps masculins, comme dans Le Clan, son précédent film, il nous offre en ouverture de son dernier long-métrage une bien jolie séquence qu’on croit décisive dans le déroulement de son récit : deux adolescents s’amusent à se travestir avec les robes de la mère de l’un d’eux, dansent, sautent et s’enlacent. On a alors l’impression d’être en territoire connu. Erreur ! L’histoire évolue par la suite dans un registre bien plus dramatique : la mère, que l’on avait vue guillerette au détour des premières images, doit faire face à une triste réalité : son fils meurt dans un accident de voiture. Après lui est donc l’histoire d’un deuil, d’une disparition à laquelle on doit faire face sans toutefois l’accepter. Camille, la maman éplorée, s’attache à Franck, le meilleur ami de son fils disparu, qui est aussi le responsable du drame. Sa famille a du mal à la comprendre et à accepter cette situation, mais s’ils avaient connu mon psy, il leur aurait parlé de « transfert », et tout aurait été bien plus simple. Dès lors, le film devient intéressant et nous attendons, impatients, que l’amour « filial » se transforme en une attirance d’une autre nature, histoire de voir Catherine Deneuve entreprise par un jeunot musclé et tatoué (Thomas Dumerchez). Avant cela, il aura fallu supporter, et c’est bien le mot, la première partie du film où s’étalent, un peu artificiellement, toutes les souffrances de la famille et des amis : les pleurs, les cris, le cercueil, la chambre vide (que Truffaut aurait peinte en vert) et tout l’attirail larmoyant de l’aveugle faucheuse. Dire que le sens de l’ellipse n’est pas ce qui caractérise le début du film est un bien bel euphémisme, mais on préférera retenir par la suite cette fougue affective qui pousse Camille à aimer presque désespérément ce corps jeune, niant aveuglément le ridicule de certaines situations comme ce subtil déhanché qu’elle effectue en assistant à un concert rock façon Libertines. Si vous croisez un soir Catherine Deneuve à l’Embobineuse, ne vous étonnez pas, c’est tout simplement qu’elle est seule et désemparée.

nas/im