Allez à l'OM

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Quand j’entends Wagner, j’ai envie d’envahir l’Opéra de Marseille. Et je ne suis pas la seule…

Allez à l’OM[1] !

Quand j’entends Wagner, j’ai envie d’envahir l’Opéra de Marseille[2]. Et je ne suis pas la seule…

Je ne suis jamais allée au stade Vélodrome, mais je crois que certains supporters de l’OM seraient surpris de découvrir la concurrence, en termes d’expressivité, du public de l’Opéra. Il est de tradition que ce dernier manifeste ouvertement son appréciation aux chanteurs qui prennent le risque de venir s’y frotter. Pour la dernière œuvre de la saison, La Walkyrie de Richard Wagner, les applaudissements ont jailli avant la fin des actes et les rappels bruyants ont été largement prolongés. Une vague d’euphorie.
On connaît généralement le thème puissant de la chevauchée des Walkyries. Dans cet opéra dominent en fait de longues scènes d’amour et d’introspection, dans une écriture musicale épurée (le duo d’amour du premier acte est amené par un grand solo au violoncelle). La musique de Wagner surprend par ses contrastes, entre passion déchaînée et extrême délicatesse, ce qu’a su magnifier le chef d’orchestre autrichien Friedrich Pleyer. Le livret, écrit par le compositeur lui-même à partir de textes de la mythologie allemande du Moyen-âge, captive par sa profondeur et sa complexité. Richard Wagner prend le temps d’explorer ses personnages, d’exposer leurs paradoxes et de développer l’expression de leur sensibilité… Wotan, le dieu des combats, chanté par le baryton-basse Albert Dohmen, avoue ainsi son impuissance : « Moi qui aimais véritablement, je n’ai pas su créer l’homme libre. » Et, malgré la rigueur de sa condamnation envers sa fille désobéissante Brünnhilde — la Walkyrie sexy interprétée par Janice Baird —, il est déchiré par leur séparation dans le dernier acte. Wagner écrit une mythologie de l’âme humaine avec, comme question centrale, la liberté de l’être face au divin, à l’amour et à la morale.
L’opéra a évolué. Aujourd’hui, les chanteurs ont un vrai jeu de scène, le surtitrage permet de suivre l’action au plus près, le sens rejoint l’émotion visuelle et musicale. Pour le prix d’une place de cinéma, 8 € au dernier balcon, on assiste à un spectacle complet.

Texte : Géraldine Pourrat
Photo : Christian Dresse

La Walkyrie était présentée du 16 au 25 mai à l’Opéra.

Notes

[1] Opéra de Marseille

[2] Référence à Woody Allen : « Quand j’entends Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne ! »