L’ENFANT (TERRIBLE) DU PAYS DÉCLAME SA FLAMME À MARSEILLE, EN VERS ET CONTRE TOUT ET LIVRE EN VERSION INTÉGRALE SES PERFORMANCES QUI ONT FAIT LA JOIE DES BARS LORS DE C’EST MA TOURNÉE, JE VOUS OFFRE UN VERS.
Suite aux épiques, intenses et joyeuses tournées printanières dans les cafés marseillais en mars 2022 et avril 2023, Nicole Ferroni poursuit au Théâtre des Bernardines sa traversée de Marseille à la rame et à la rime. En humoriste bien sûr mais aussi en formidable autrice, conteuse, parfois même chanteuse, elle a jeté l’ancre et l’encre dans le port de la cité phocéenne et inventé un spectacle drôle et poétique qui mêle des textes de sa plume, ceux d’autres auteurs et quelques épisodes historiques qui ont secoué la ville. Oh booooonnnne mère !
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« Je trouve ça fort de dire qu’en fait, n’importe quel lieu peut être artistique du moment où on y pratique de l’art. Dire de la poésie dans un bar, ça le rend culturel. C’est bien de le rappeler et de le mettre en pratique. »Tu penses qu’ils sont allés vers toi à cause de ton frère Guillaume (le rhum Maison Ferroni) ? C’est ça ! (rire) Non, j’ai pas l’impression, mais franchement, quand j’ai fait mes repérages, il y a des bars où je me suis dit « Tiens, là, on pourrait faire des partenariats ! » Et d’autres, des bonnes maisons où ils avaient effectivement le rhum de mon frère dans leur carte. Si mon frère avait vendu des chips, on aurait pu le prendre comme sponsor, mais faire la promotion de l’alcool... je crois que ça se fait pas. (sourire) Que représente pour toi cette expression, « Aller vers » ? Qu’est-ce que ça signifie d’aller chercher le public ? Ça représente une inversion du chemin habituel qui se fait entre artistes et public. L’idée que ce soit l’artiste qui aille au public, cela permet d’abord à l’artiste de descendre de scène et donc aussi un peu de son piédestal. Il faut savoir que je risque quand même de me retrouver dans des situations un peu sportives... On ne sait pas ce qui va ce qui va se passer dans les bars. Pour peu que je me prenne un noyau d’olive... Peut-être qu’il va y avoir des gens bourrés à 8h du matin au Café de la Banque... On sait pas ! Ce que je trouve bien, c’est que ça va peut-être permettre de remettre un peu de réalité dans l’artistique et de l’artistique dans nos réalités. Même si, au départ, c’est une réponse à la contrainte du Gymnase qui ne peut plus recevoir de public, dans une période où, du fait du covid et des mesures sanitaires, il y a eu beaucoup de fermetures longues de lieux culturels, je trouve qu’« aller vers », c’est aussi contourner les embûches qu’artistes, structures et festivals ont connues. Et cela replace au centre cette question primordiale : « Si les salles ferment, on va où ? » Je trouve ça fort de dire qu’en fait n’importe quel lieu peut être artistique du moment où on y pratique de l’art. Dire de la poésie dans un bar, ça le rend culturel. C’est bien de le rappeler et de le mettre en pratique. Cela nous ramène à une espèce d’agora où sujets d’actualité et politiques se débattent au comptoir… Oui. Et ça ramène aussi à un côté populaire. Moi, à la base, je suis une enfant de la mixité et des Maisons de la Jeunesse et de la Culture, qui m’ont mis clairement le pied à l’étrier pour qu’ensuite j’en fasse mon métier. On oublie que la culture est une chose de proximité. Les tournées amènent des textes, des appuis, du divertissement, de l’émerveillement, de façon très proche. Il y a encore beaucoup de gens pour qui franchir la porte d’un théâtre est inconcevable ; ce n’est, en tout cas, pas dans leurs possibilités du quotidien C’est une réponse comme une autre au constat de fracture sociale que l’on peut constater. La porte d’un théâtre pouvant être, déjà, une fracture sociale. Alors qu’un bar, il n’y a pas tellement de barrières pour y entrer (rire). Celles qui étaient relatives au fait d’être une femme dans un bar ont quasi disparu. Des publics qui normalement ne se rencontrent pas vont se croiser. C’est bien, ça va permettre de fédérer ! À part Marseille, vers où t’es-tu aventurée dans tes textes ? En fonction du contexte, je me suis donné cinq thèmes : Marseillaise (femme de Marseille), Amour avec un grand M, Peuchère (malheur de Marseille), Clichés de Marseille et Re-belle. En ce qui concerne l’amour, c’est vrai qu’il y a beaucoup de textes qui vont vers des fins pas forcément heureuses... Je ne parle pas que de mes écrits. Parmi les auteurs marseillais que j’ai choisis, il y en a qui vont vers des trucs mignons et de la séduction, puis vient le chagrin. Il y a un peu de tout, de l’amour naissant, de l’amour qui finit, des pleurs... C’est comme pour l’apéro, il y aura à manger et à boire... et à pleurer. Un de mes titres est Malheureuse est la pachole qui a pour mari un Pacha.
Propos recueillis par Marie Anezin