Chemsedine Herriche - Ostraca, chapitre 2

Sculptures

Chemsedine Herriche propose des sculptures d’images éphémères qui incarnent un moment suspendu. Imprimé sur la pierre, ce carnet de croquis manifeste nos mondes fantasmes, nos corps figés une fresque dystopique… 

 

Chemsedine Herriche est un plasticien français né en 1988. Ce digital native s’exprime d’abord dans le dessin avant de se former à l’ENSCI-les ateliers (École Nationale Supérieure de Création Industrielle), croisant esthétique industrielle, sculpture, vidéo et scénographie. Il poursuit cette expérience dans une hacker-house, où il côtoie ingénieurs et développeurs manipulant le concept d’intelligence artificielle.

Croisant arts plastiques et arts digitaux, Chemsedine Herriche conjugue modélisation 3D et geste pictural pour matérialiser ses perceptions mentales. Fasciné par les mythes qui traversent les siècles, articulant en particulier son oeuvre autour de la Mythologie de la Périphérie, il appelle résonance archaïque le dialogue qu’il établit entre recherche technique et récits ancestraux.

Chemsedine Herriche a collaboré avec des institutions telles que le centre Tignous, la Villa Noailles, la Gaité Lyrique et le Centre Pompidou.

 

Ostraca (pluriel en Grec d’ostracon, ce tesson de poterie avec lequel on « banissait par ostracisme », l’acte d’exclure quelqu’un socialement pour une période donnée) est née d’une expérience anthropologique pendant la crise sanitaire.

Face au phénomène d’isolement généralisé, Chemsedine mobilise sa communauté digitale pour qu’elle lui fasse parvenir une photographie de son espace intérieur de vie. L’artiste confirme une récurrence visuelle observée sur les réseaux sociaux. Quelle que soit la provenance géographique de l’image, quel que soit l’âge ou le niveau social de l’expéditeur, le cadrage de l’objectif est pointé vers le ciel ou bien vers un mur éclairé des rayons entrants du soleil. Il interprète ce comportement comme l’expression d’un instinct naturel.

Avec son installation Ostraca, Chemsedine part de ce contexte de désorientation de notre rapport à notre environnement pour amplifier à l’extrême l’effet de dilution temporelle. Il imagine un monde « flottant » dans lequel les traces laissées par l’Homme primitif formeraient un tout avec celles produites par notre monde moderne. Ce tout serait régi par les rythmes de la lumière.

Ainsi, l’ère du digital et l’ère de pierre fusionnent. Sauf que le processus de création de l’artiste inverse le sens du temps. Un instantané photographique est d’abord d’origine numérique avant de se retrouver durablement imprimé dans la pierre telle une oeuvre d’art rupestre. Une sculpture est taillée en 3D avant d’être réinterprétée manuellement. L’artiste parle de « résonance archaïque » pour décrire sa démarche : quelle que soit le niveau d’avancement d’une technique, deux mondes aussi drastiquement éloignés que le digital et l’ancien restent connectés par le sens du geste, garant d’une force émotionnelle intrinsèque aux éléments puisqu’il exprime ce lien psychique direct avec les origines de notre Être.

Architecturalement, un autre dialogue s’opère : un croisement entre les héritages industriels et traditionnels si l’on considère le caractère hybride de ses stèles entre formes brutalistes et organiques. Des matériaux de base de construction de nos habitats modernes (des carreaux de plâtres, de la brique rouge) servent à la mise en oeuvre d’une architecture cosmique qui rappelle les premiers édifices constitués de monolithes, érigés symboliquement comme des antennes telluriques pour communiquer ou capter les énergies célestes. En mariant des codes industrialisés à des codes de ralliements localisés, Chemsedine pointe les comportements tribaux qui se perpétuent dans une culture globalisée.

— David Herman


Le Metaxu
Jusqu'au 25/09 - Mer-sam 14h-18h + ven 18h-22h
Entrée libre
www.metaxu.fr
Place du Globe
83000 Toulon
06 22 73 45 07