Mur/mur(es)

Création (sortie de résidence) : performance solo, contemplation poético-abstraite par la Cie Opus Time (25'). Matières photographiques, conception et interprétation :Jean-Marc Fillet. Musique :  Jeff Aroni (aka Feudjay)

Depuis plus de 25 ans je photographie des murs, dans ma ville, dans mes voyages, dans mes errances solitaires de marcheur. Je ne cherche rien, simplement je regarde et je me laisse guider au hasard des routes, des rues et des chemins. Comme disait Dubuffet « l’art surgit où on ne l’attend pas, quelque part à quelque carrefour. » Je prends ce qui vient et me contente et me réjouis de ce qui m’apparaît sur l’instant. Je récolte l’usure du temps passé, un monde voué à disparaître. Pour moi les éraflures, boursouflures, blessures, zébrures accidentelles du temps font écho à notre propre existence et nous renvoient à notre belle fragilité. Mes errances nourrissent mes recherches sur les traces, la patine, les matières vieillies, la vie. Une façon de voyager dans le temps et de traverser les strates que l’humanité engendre sur son passage.

Tout ce processus dérive d’une lente marche aléatoire de mon corps et de mon regard dans l’espace.

La peinture

L’art brut, l’Arte povera, l’expressionisme abstrait sont pour moi des supports de recherches et d’expérimentations. Je conçois mon travail photographique comme un acte pictural. Je recherche le grain et les plaies dans le cadre que je vais choisir de photographier. Je projette dans ce moment fugace de déclic mes émotions pupillaires. Il en ressort une construction spatiale de couleurs, de formes qui bien que quotidiennement côtoyées dans la vie n’ont pas été encore vues. Mon regard devient une archéologie du quotidien, une recherche plastique qui fait surgir des traces que le temps et l’usure laisse visible.

Je me délecte de ces marches insouciantes dans l’espace qui me rendent ouvert au microcosme et à l’imperfection du monde. Le mur est porteur de l’essence de l’œuvre, du fragment. Je ne fais que retirer, usurper une infime partie que je restitue au regard des autres pour qu’il relève ce qu’il a de plus sensible.

En atelier, dans le calme intérieur, je refaçonne la matière extérieure, un équilibre entre construction et déconstruction du média photographique. Elle devient un corps vierge offert à l’intervention de mes divagations.

De ce travail sur la matière et de ce voyage pictural j’ai voulu créer un solo, une expérience à l’instant T. Rajouter des couches, démultiplier les lectures et créer un nouvel espace de visualisation.

Une construction en trois étapes.

Tout d’abord un travail en direct sur la matière photographique qui est reflétée sur le mur (travail aux feutres sur transparent), ce qui donne une première déconstruction de l’image et lui donne une autre narration.

Ensuite une mise en abîme du corps dans la matière picturale (danse), comme si le protagoniste était happé dans l’image et se débattait et se confondait avec elle. Ses mains, ses pieds, ses membres deviennent les instruments (pinceaux, pastels etc…) qui dévoilent les interstices de la toile et font apparaître les moindres blessures, zébrures, entailles.

Enfin un travail plastique est fait en direct, sur d’autres supports (cartons de différentes tailles) qui rajoutent des couches supplémentaires à la lecture de l’image projetée : travail à la bombe aérosol, collages, grattages etc…., graff au feutre noir d’une citation D’Antony Tàpies :

J’AIMERAIS QUE NOUS PERDIONS

DE + EN+ CONFIANCE

EN CE QUE NOUS VOULONS CROIRE

ET EN CE QUE NOUS CONSDÉRONS

COMME CERTAIN,

AFIN DE NOUS RAPPELER

TOUJOURS

QU’IL Y A ENCORE UNE INFINITÉ

DE CHOSES À DÉCOUVRIR

A. TÀPIES

« 

– Jean-Marc Fillet

La Distillerie
Le samedi 8 octobre 2022 à 19h
Entrée libre
https://ladistillerieaubagne.fr/2022/08/09/du-9-sept-au-22-oct-place-aux-compagnies-2022/
20 rue Louis Blanc
13400 Aubagne
04 42 70 48 38
06 19 36 30 53