After the wedding - (Danemark/Suède – 2h) de Susanne Bier avec Mads Mikkelsen, Sidse Babett Knudsen…

After the wedding – (Danemark/Suède – 2h) de Susanne Bier avec Mads Mikkelsen, Sidse Babett Knudsen…

En théorie, pour capter l’attention du spectateur, un film se doit d’enchaîner un certain nombre de péripéties en un temps limité. Susan Bier, la réalisatrice, a très bien retenu la leçon. En deux heures… (lire la suite)

Vain sur vain

En théorie, pour capter l’attention du spectateur, un film se doit d’enchaîner un certain nombre de péripéties en un temps limité. Susan Bier, la réalisatrice, a très bien retenu la leçon. En deux heures, elle nous offre l’équivalent de quatre ans de Dallas… Jacob bosse en Inde, dans un orphelinat. Il doit retourner au Danemark pour défendre les chances d’un projet humanitaire qui pourrait être subventionné par Jorgen (superbement interprété par Rolf Lassgard), un riche industriel. Mais Jorgen — qui l’invite dans la foulée au mariage de sa fille Anna— s’avère être le compagnon d’Hélène, une ex de Jacob. Et, coïncidence, au mariage, Jacob comprend qu’Anna est sa fille… On passera ici sur une pléiade de détails ridicules (la maladie fatale de Jorgen, Anna trompée trois jours après sa nuit de noces…) qui font de ce film un mélodrame bouffon. A vrai dire, la plus triste des tragédies de Bergman est une pommade à côté de After the Wedding. Et Bergman, lui, n’abusait pas d’effets de style vains (caméra à l’épaule/mouvements abrupts/DV) pompés à d’autres — Festen notamment. Le processus « dogmatique » ne sert ici qu’à masquer un manque de cadence. Mais ce sont surtout les intentions de Susan Bier qui laissent sceptique. Que veut-elle ? Nous attendrir sur le sort de Jorgen le millionnaire qui, comme il va bientôt crever sur les draps de soie dans son château, fait preuve d’une abnégation de dernière minute ? Ou nous émouvoir sur la cause d’enfants hindous qui, eux, crèvent réellement de faim ? C’est flou et gênant parce que, dans ce contexte, les gémissements bourgeois apparaissent bien dérisoires face à la misère. Alors deux possibilités : soit Bier pratique de façon magistrale (mais un peu opaque) la distanciation pour critiquer la haute société danoise, soit elle s’est emmêlé les pinceaux et a oublié en route de cerner proprement son sujet. On penchera plutôt, hélas, pour la seconde possibilité…

Lionel Vicari