A plein gaz au Théâtre de Lenche

A plein gaz au Théâtre de Lenche

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Psschittt !!

Si Roland Peyron arrive à nous faire passer une heure d’un humour tour à tour grinçant et mordant, l’expression « Vite fait, bien fait » semble trouver tout son sens avec la création d’A plein gaz du Marseillais Serge Valletti.

Roland Peyron est seul en scène pour une heure de spectacle. Il débarque avec sa valise, de belle taille, son costume, de belle coupe et de belle étoffe, son pardessus déjà plus incertain et ses chaussures, passablement fatiguées et jurant avec son habit. Le caractère disparate de ce costume sème le doute dans lequel la mise en scène a pris le parti de nous laisser. Dès les premiers instants, les intonations de sa voix évoquent quelques figures sympathiques de l’humour (Desproges et Pierre Richard…), qui disparaissent cependant très vite pour nous laisser seuls avec lui. Son personnage attire immédiatement notre sympathie. Le début de son monologue met en place les premiers éléments qui permettront d’en comprendre la fin, ou plus exactement de saisir quel prétexte logique servira de cadre à ce condensé de vie. Mais si la partie du texte qui raconte cette vie est amusante, les parties qui touchent à la construction du moment théâtral s’avèrent ouvertement irrésolues et avec elles, la mise en scène, l’intention situationnelle de départ étant relativement improbable. La tirade initiale situe le personnage « avant », quand, comme le spectateur moyen que nous sommes, il était « gentil et confiant ». A ce détail près qu’il n’apparaîtra jamais ainsi dans le récit du fil de sa vie. Au-delà du procédé, de cette idée initiale ne permettant pas d’aller au bout de l’intention, reste le talent de Roland Peyron qui amuse, inquiète, menace et tempête, parfois trimballé, coquille ballottée sur l’océan de ses misères, et parfois trimballant, au gré de ses mythomanies. Une comédie « façon Raoul, travaillée en férocité », drôle et mordante, sur la fatale machinerie des évènements, les dommages de l’industrie et du quotidien sur l’individu, ses révoltes dérisoires ou sanglantes, et le besoin d’exercer une forme de pouvoir comme exutoire à la médiocrité.

Texte : Frédéric Marty
Photo : Ke?vin Louviot

A plein gaz : jusqu’au 26/02 au Théâtre de Lenche (4 place de Lenche, 2e). Rens. 04 91 91 52 22 / www.theatredelenche.info