Shadeless inaugure une série de quatre expositions articulées autour des éléments : l’eau, le feu, la terre et l’air.

Ce premier volet survient comme la vague scélérate provoquée par la nageoire d’un monstre mythique.
En s’abattant sur l’eau, elle détruit, avale et propulse vers les zones aphotiques. Shadeless suggère une migration verticale vers l’immensité des océans violet-noirs. Aux confins des plaines abyssales ne semble subsister que le vide infécond. Ici, pourtant, grouille un bestiaire pour qui la symbiose, la transparence et la contre-illumination relèvent de la survie. Pour estomper les démarcations entre soi et l’environnement, il faut imiter, éblouir ou s’effacer. Comme les créatures qui peuplent ces territoires sans limite et sans saison, les artistes se jouent des leurres. L’esthétique vaporeuse des peintures digitales, la mollesse des sculptures, les textures sur-oxydées ou l’ondoiement des silhouettes deviennent des moyens de protection.

À l’instar des différents états de l’eau, tantôt solide, liquide, gazeux ou visqueux les œuvres miment ces lieux confus qui nous échappent et nous révèlent, nous forcent à inventer nos propres repères.

Enveloppée dans une théâtralité visuelle et acoustique, Shadeless puise dans l’atmosphère de ces biomes inexplorés, pareils à nos angoisses enfouies, nos flous sémantiques ou nos mondes virtuels insondables.

Commissariat : 

Alexia Abed et Léa Lascaud