Philippe Petit du label Bip-Hop

Philippe Petit du label Bip-Hop

La quarantaine rugissante

Actu chargée pour Philippe Petit, boss du label Bip-Hop et infatigable défricheur en musiques hors-normes : un album solo, un autre avec son projet collectif, une compilation pour le magazine anglais Wire, du live… Mais qu’est-ce qu’on fête au juste ?

Philippe-Petit.jpgVingt-cinq ans de carrière. Deux labels underground au catalogue solide, Pandemonium et Bip-Hop, dont le second fête aujourd’hui ses dix ans. Pour Philippe Petit, il était temps de faire le point. A quarante-deux ans, le principal activiste marseillais au rayon des musiques hors-normes (la marge étant leur seul point commun) a sans doute vécu sa récente paternité, sans faire de psychologie de bas étage, comme l’occasion rêvée de repartir sur quelque chose de neuf. « Cela fait vingt-cinq ans que je pousse les musiques des autres, que je me bats pour elles : c’est une date symbolique. Je me suis dit que j’allais prendre du temps pour moi… A partir de maintenant et pour le quart de siècle à venir, je vais me battre pour ma musique : je passe de l’autre côté, même si je ne suis ni musicien ni compositeur ; j’espère être un agent de voyage musical, emmener les gens quelque part. Et puis il y a autre chose : c’est de moins en moins drôle de faire un label de disques, tout le monde se plaint. Bien sûr, Bip-Hop va continuer, mais à un rythme moindre. Il était temps de passer à autre chose. » Alors ? Philippe se lance en solo, sous son nom. Une expérience de scène avec une formation grecque (Chapter 24), improvisée, l’a convaincu de poursuivre le travail entamé avec Strings Of Consciousness, projet collectif lancé en 2007 (1) et piloté depuis Marseille avec la collaboration de musiciens internationaux. Un projet toujours d’actu : SOC vient de sortir un nouveau disque enregistré avec Angel, un trio de musiciens à la pointe (Schneider TM, un membre de Pan Sonic et la violoncelliste de Müm), sombre et instrumental, à la limite du drone. Ce sont finalement les retours très positifs de certains proches, dont certains ne sont pas des branques (Murcof, James Johnston des Bad Seeds…), qui achèvent d’inciter Philippe à graver quelque chose avec ses platines et son laptop, tout seul comme un grand… puis d’envoyer le résultat au boss de Beta Lactam Ring, label alternatif de référence. Premier album solo, donc, qui résonne selon l’intéressé comme la rencontre du Tetsuo de Tsukamoto et de l’Eraserhead de Lynch, deux de ses films de chevet… « Une bande-son de film : c’est comme ça que je vois ma musique. Avec des invités, parce que c’est ma façon de faire et que je ne peux pas le faire seul, ce serait nul à chier. » Car les collaborations, Philippe connaît. Ce sont même elles qui guident son parcours. Pour arriver à cet album solo, il avait commencé par lancer quelques « perches » à son carnet d’adresses, plutôt prestigieux : Lydia Lunch, Eugene Robinson (Oxbow), Cosey Fanni Tutti (Throbbing Gristle), Si-cut.db, Jason Forrest, dDamage… Cette première expérience « participative », matrice du travail à venir, on peut la retrouver sur une compilation que Bip-Hop vient d’éditer en collaboration avec le magazine Wire, fameux pourvoyeur anglais d’avant-garde, qui la distribue aux abonnés avec son dernier numéro. C’est tout ? Non : Philippe s’apprête à partir en tournée avec Lydia Lunch. Pour un quadra en pleine phase de remise en question, on a connu sort moins enviable…

PLX

(1) Voir Ventilo #203

Dans les bacs : Strings Of Consciousness & Angel (Important Rec), Henry The Ironman (Beta Lactam Ring) et V/A Reciprocess (Bip-Hop/disponible avec le n°301 de Wire pour les abonnés)
www.stringsofconsciousness.info
www.bip-hop.com

Notes
  1. Voir Ventilo #203[]