Eric Krautwasser chez Etmoietmoi

Éric Krautwasser chez Etmoietmoi

Concrètement abstrait

 

Éric Krautwasser expose depuis près de quatre ans et peint depuis une bonne décennie. Ce n’est pas son métier, mais une passion solide. Zoom sur la rencontre d’un ingénieur avec l’abstrait.

 

Éric est ingénieur. Il peint majoritairement des formes géométriques. Jusque-là, rien de surprenant. Mais, plus on parcourt son exposition actuelle au concept store Etmoietmoi, plus on découvre un adepte de l’abstrait. Cela fait une dizaine d’années qu’Éric, trente-six ans au compteur, a pris le pinceau pour ne plus le lâcher. Son atelier ? Les combles, chez lui. Sa matière ? La peinture acrylique, « parce qu’elle permet de laisser son travail puis d’y revenir, elle n’a pas les mêmes contraintes que la peinture à l’huile qui nécessite un travail continu sur plusieurs jours d’affilée. » Ses couleurs préférées ? Les couleurs primaires. Même s’il avoue parfois jouer l’apprenti chimiste : « Je fabrique moi-même mes couleurs et il m’arrive de récupérer quelques matières au travail. » Résultat : des séries aux couleurs variées, notamment une haute en couleur réalisée au couteau. Parmi les quinze toiles qu’il a choisi d’exposer dans cette boutique-galerie du boulevard Notre-Dame, il est vrai que l’œuvre issue de cette série multicolore (et ponctuée d’un vert fluorescent) attire immédiatement l’œil du visiteur.

Éric raconte fonctionner par séries, mais ne se contraint pas à trouver un sens à chacune de ses œuvres. « Mes toiles sont là pour toucher quelqu’un, chacun choisit de les interpréter comme bon lui semble. » Bien sûr, il cherche avant tout l’harmonie quand il expose. Avec, si possible, la complicité du galeriste. « J’aime exposer dans des lieux où la motivation du propriétaire n‘est pas uniquement de faire venir des clients. Je suis à la recherche d’une démarche artistique. » Bonne pioche avec le concept store, où Éric confie avoir beaucoup échangé jusqu’au jour du vernissage : « Chaque emplacement, chaque éclairage est pensé. » Il s’en amuse d’ailleurs : « Je suis parfois surpris de la lumière projetée sur mes œuvres, je les vois différemment depuis ma table de travail. » Même s’il ne s’agit que d’une « passion », Éric met un point d’honneur à soigner la finition comme la communication. « Ce sont des points trop importants pour être négligés. » Son côté ingénieur ? Peut-être. En tout cas, il confie ne pouvoir imaginer ne pas répondre aux messages. « Je fais cela avant tout pour le côté humain. Quel intérêt de peindre si ce n’est pour partager ? » D’ailleurs, Éric demande à ses acquéreurs de prendre en photo l’œuvre achetée pour se faire une idée de l’emplacement où elle est accrochée chez eux. Comme le lieu d’exposition, l’œuvre elle-même est vivante. Et les toiles d’Éric le deviennent de plus en plus suite à des expositions comme celle du printemps dernier aux Docks, véritable carte de visite pour un artiste. Un rêve de lieu d’exposition ? « Peut-être un jardin d’histoire, ou l’Hôtel Intercontinental au Panier. » Conscient de l’espace-temps qui n’est pas forcément le même que dans le milieu où il évolue tous les jours (inertie vs. réactivité), Éric reste philosophe : « Je suis conscient de la chance que j’ai. » Et reconnaît une chose : « Vendre des toiles oblige, dans un sens, à en faire de nouvelles : on doit rester carré. » Un auteur abstrait qui garde le sens des réalités… Si vous ratez le coche, Eric Krautwasser prévoit également d’exposer à l’Espace 361°, à Aix, dès le début de l’été.

Charlotte Lazarewicz

 

Éric Krautwasser : jusqu’au 10/03 chez Etmoietmoi (8 boulevard Notre-Dame, 6e).
Rens. : 04 91 54 08 88 / www.facebook.com/etmoietmoi13