Jonas Mekas 100 ! (V.O.)

Hommage au réalisateur d'origine lituanienne à l'occasion de son centenaire

Né en Lituanie, chassé de son pays par les troupes soviétiques, Jonas Mekas est interné plusieurs années, avec son frère Adolfas, dans un camp de travail de l’Allemagne nazie, puis dans des camps de réfugiés au sortir de la guerre, avant de pouvoir rejoindre les États-Unis en 1949. Plongé dans la jungle new-yorkaise, il s’achète une caméra Bolex, qui ne le quittera plus, et commence à tenir un journal filmé. Des instants de vie, la solitude des exilés ou l’effervescence de la contre-culture des années 60, autant d’archives de l’intime, où se croisent Allen Ginsberg, Andy Warhol et le Velvet Underground. WaldenReminiscences of a Journey to LithuaniaLost Lost Lost… Des films qui révolutionnent le monde cinématographique et participent à l’épanouissement du cinéma underground, érigé en parallèle à l’industrie hollywoodienne. Poète et « filmeur », Mekas est aussi journaliste, critique, programmateur et conservateur. Porte-voix d’un cinéma alternatif et expérimental, l’un des grands cinéastes qu’a connu l’Amérique, mort à 96 ans, et dont nous célébrons le centenaire en 2022.

Plusieurs structures se réunissent à Marseille pour fêter son cinéma : Videodrome 2, le FIDMarseille, le CIPM, la Fondation CamargoArt-o-rama. Avec le soutien du Centre Culturel lituanien.

Videodrome 2
Du 15 septembre au 17 septembre 2022
Prix libre (+ adhésion annuelle : 5 €)
Rens. 04 91 42 75 41
www.videodrome2.fr
49 cours Julien
13006 Marseille
04 91 42 75 41

Article paru le mercredi 14 septembre 2022 dans Ventilo n° 468

Hommage au cinéaste Jonas Mekas à Marseille

La liberté en 24 images

 

Dans le cadre de « From my window. Jonas Mekas 100 ! », programme construit de Marseille à Cassis autour de la commémoration du centenaire du cinéaste Jonas Mekas, le FID, le Vidéodrome 2 et le CipM nous proposent d’explorer plus loin encore l’œuvre majeure d’un artiste unique, qui a su ouvrir considérablement les champs de perception de l’image en mouvement.

    Voilà un grand paradoxe dans l’histoire de l’art : la reconnaissance publique du travail de certains s’est construite sur les ramifications opérées par le travail d’autres, qui connaîtront une gloire bien moindre — mais au fond est-ce le sujet ? —, tout en signant ce geste premier qui impactera fortement les générations suivantes. Car cette question de la reconnaissance de son œuvre, dans l’art, que l’on s’en défende ou non, reste une question prégnante pour de nombreux créateurs, au-delà du sentiment égotique. Mais l’on s’égare : s’il est un artiste majeur du 20e siècle, qui aura influencé le geste cinématographique de nombreux cinéastes plus ou moins reconnus — on songe à Jim Jarmusch, Brian de Palma ou Martin Scorsese, qui ont assumé cette parenté —, il s’agit bien de Jonas Mekas. L’artiste d’origine lituanienne a exploré, comme peu y sont parvenus, par-delà les frontières, la puissance de l’image en mouvement, et l’explosion de son imaginaire. On le décrit comme une figure majeure de l’underground new-yorkais, mais le travail de Jonas Mekas dépasse très largement ce cadre quelque peu coercitif. Son travail embrasse toute la question cinématographique, de l’utilisation technique au service du récit à l’analyse de son rapport au réel, jusqu’aux réflexions même des moyens de réaliser une œuvre filmique en marge des codes industriels hollywoodiens. En témoigne son journal intime le plus fameux, Walden, qui nous place à chaque plan dans un rapport étroit avec ce qui nous est montré, comme un hic et nunc réinventé, ici et maintenant face à ce que l’on observe, s’inspirant de la poésie d’un Henry David Thoreau. Une dynamique qui se retrouvera par ricochets dans le film Walden de Bojena Horackova, actuellement en salles. La cité phocéenne a régulièrement rendu hommage à ce cinéaste de génie, et il est heureux que, régulièrement, le travail de Jonas Mekas puisse être sans cesse transmis à toutes générations. Dont acte : dans le cadre de l’impressionnant hommage qui lui est rendu depuis le 25 août, rendez-vous est pris du 14 au 17 septembre dans les locaux du FID, au Vidéodrome 2 et au CipM, où plusieurs œuvres, ou approche des œuvres, de l’artiste nous seront proposées, pour notre plus grand bonheur ! À commencer par une soirée VidéoFID pour la séance de Correspondance : Jonas Mékas et J.L. Guérin, de José Luis Guerin et Jonas Mekas. Un échange par missives vidéo d’une intelligence ébouriffante ! À la salle du Cours Julien, les 15, 16 et 17 septembre, trois moments de projections, accompagnées de Cécile Tourneur, docteure en histoire et esthétique du cinéma, permettront de (re)découvrir les œuvres essentielles que sont Lost, Lost, Lost, Zefiro Torna or Scenes from the Life of George Maciunas, Williamsburg, Brooklyn, Travels songs ou l’œuvre-fleuve As I Was Moving Ahead Occasionally I Saw Brief Glimpses of Beauty. Enfin, en point d’orgue, le CipM s’interrogera sur cet axe ouvrant de passionnantes perspectives : Traduire Mekas. Cet événement kaléidoscopique vient prouver une fois encore le dynamisme transversal qui anime la cité phocéenne et ses environs, en matière d’explorations cinématographiques de toute beauté.  

Emmanuel Vigne

 

Hommage à Jonas Mekas : du 14 au 17/09 à Marseille

Le programme de l’hommage à Jonas Mekas ici