Travailleuses   

Textile, céramique, fil de fer, techniques mixtes : œuvres de Catherine Barles, Camille Bonaldi, Odyssée Dao, Valérie Méalin, Domi Paillard Rampal, Audrey Pannuti, Valeria Sandra et Rachel Tolkien.

Huit artistes marseillaises se penchent sur la « travailleuse », ce petit meuble à ouvrage, compartimenté servant généralement au rangement des accessoires de couture.
Chacune a interprété l’objet en le détournant, en le réinventant, en l’investissant de son propre univers de création, qu’il soit mystique, ludique ou scientifique et en utilisant son médium de prédilection : textile, céramique, fil de fer, techniques mixtes.
Aventure humaine, collective, créative et féminine avant tout, cette exposition débute symboliquement le 8 mars, Journée de la femme et se tiendra dans une ancienne boulangerie réhabilitée en atelier-galerie : La Vie Moderne.

 

 

 

La Vie Moderne
Jeu-sam 12h-19h
Entrée libre
www.facebook.com/La-Vie-Moderne-208581389332362/
21 rue des trois rois
13006 Marseille
06 67 31 11 07

Article paru le mercredi 20 mars 2019 dans Ventilo n° 425

Travailleuses à La vie moderne

Employées du bois

 

La Vie Moderne est actuellement habitée par huit plasticiennes qui déploient leurs ouvrages sans compter leurs heures ni les ampoules aux doigts. Messagères d’un labeur tellement riche qu’aucune économie ne fait le poids, les Travailleuses nous offrent leurs âmes à travers l’utilisation d’un petit meuble ((Une travailleuse est aussi une structure de bois à tiroirs sur pieds qui permet de ranger des éléments initialement nécessaires à la couture.)) comme réceptacle de leurs talents.

  Un vrai puits profond nous appelle dans un coin de ce bel espace qu’il purifie et insuffle un air revigorant sur le terrain des expos à ne pas louper. Odyssée Dao s’y est posée. Trois phases de lune nous immiscent dans une eau issue des Catalans, gélifiée ou en céramique aux reflets de leds. Ce travail mixe deux thématiques : mère et mer. Se reflètent des ondes positives afin de s’ouvrir aux autres vagues. L’éclairage, réalisé par Adam Tolkien, va nous accompagner dans ce voyage initiatique. Bravo à son initiatrice, l’artiste Rachel Tolkien (sœur du précédent et maîtresse du site). Avec la parure d’organes de Camille Bonaldi, on peut se vêtir d’une carapace aseptisée : une extériorisation du monde organique intérieur ? Sans sang, une collection de pansements pour des reliques d’anges. Une histoire d’affection : à la fois au sens sentimental et pathologique. Puis Audrey Pannuti fera surgir la vanité de nos crânes en ombre portée sur le mur… Au fil de fer, chaque femme blessée du passé a dû recoudre ses plaies et recouvrir ses chagrins de sable. Au centre, Catherine Barles a érigé sa horde de poupées : comme des chrysalides qui vont se délivrer, comme des fileuses qui font renaître un espoir coloré alors que le monde se meurt. Valeria Sandra met son chaos merveilleux à profusion. Graines et cocons se parsèment et débordent de cette boîte à bijoux géante comme les trésors d’un conte sans fin. Ancrées aussi dans la terre, restent trois filles. Rachel Tolkien nous flanque nos fragilités sur lit de copeaux : des outils improbables, en attente, pour bricoler autrement des images mentales. Valérie Méalin archive sa champignonnière en nous inoculant quelques virus et bactéries de faïence et de broderies. Quant à Dominique Paillard Rampal, ses recherches autour du motif et son univers d’inventions formelles de porcelaine se découvrent dans un musée naturaliste portatif. Sa seconde pièce remplit totalement le contrat en présentant les évolutions du travail de l’accouchée. Si les Travailleuses se payaient une deuxième édition (et un catalogue ?), telle une passation à d’autres ouvriers, cela serait super chouette !  

Marika Nanquette

   

Travailleuses : jusqu’au 30/03 à La vie moderne (21 Rue des Trois Rois, 6e).

Rens. : 06 67 31 11 07 / www.facebook.com/La-Vie-Moderne-208581389332362/