Damien Hirst - The Light That Shines

Sculptures et peintures

À partir du 2 mars, Château La Coste confie l’intégralité du domaine artistique à un artiste : Damien Hirst. Pour l’occasion, des œuvres de l’artiste britannique seront réparties sur l’ensemble des 200 hectares du vignoble provençal et dans ses pavillons emblématiques dessinés par les plus grands architectes des XXe et XXIe siècles : 

- La Galerie des Anciens Chais 
- Pavillon Renzo Piano 
- Galerie Bastide 
- La Galerie Richard Rogers 
- Auditorium Oscar Niemeyer 
- Parcours Art et Architecture 

 

Intitulée The Light That Shines (La Lumière qui brille), cette exposition exceptionnelle comprendra des sculptures et peintures de Hirst - certaines devenues célèbres, d’autres inédites.

Depuis le début de sa carrière prolifique, l’artiste explore les thèmes de la beauté, de la religion, de la science, de la vie et de la mort. Dans les années 1990, il se fait connaître à travers des animaux plongés dans des cuves de formol. Des oeuvres majeures de cette série, intitulée Natural History, seront présentées dans le Pavillon Renzo Piano.

Le papillon est un autre motif récurrent dans l’oeuvre de Damien Hirst. Une série de toiles inédites, The Empress sera dévoilée dans la Galerie Richard Rogers. Portant chacune le nom de grandes figures féminines de l’histoire, ces oeuvres reproduisent des formes kaléidoscopiques à l’aide d’ailes de papillons rouges et noires.

Également inédites, des toiles de la série Cosmos et des sculptures de la série Meteorites prendront place dans la Galerie des Anciens Chais. Hirst nourrit depuis longtemps l’idée de concevoir une exposition pour cet espace. Après avoir réalisé For the Love of God, son fameux crâne en diamants et envoyé l’une de ses peintures Spot sur Mars, il s’est mis en quête de reproduire la beauté des galaxies étoilées, capturée par le télescope Hubble Space dans les années 1990. C’est là tout l’objet de la série Cosmos pour laquelle l’artiste a cloué au sol de son atelier des toiles qu’il a entièrement peintes en noir avant de les recouvrir de couleurs. Les sculptures de la série Satellites en bronze évoquent une certaine nostalgie. Hirst s’est inspiré des moules des bronzes de Degas pour les réaliser et leur a apposé des étiquettes avec une écriture victorienne, leur donnant ainsi un aspect à la fois neuf et ancien.

L'Auditorium Oscar Niemeyer accueillera des sculptures et des négatoscopes (boîtes à lumière) de la série Treasures from the Wreck of the Unbelievable, exposées pour la première fois en 2017 à la Punta della Dogana et au Palazzo Grassi à Venise.

Quant à la Galerie Bastide, elle abritera la série la plus récente de l’artiste, The Secret Gardens Paintings : des toiles représentant des fleurs éclatantes, recouvertes de formes abstraites aux couleurs vives. Outre les expositions présentées dans les pavillons, l’exposition s’étendra à l’ensemble du domaine de Château La Coste, sur lequel seront réparties des sculptures, y compris sur les sites du Pavillon de musique de Frank Ghery et du Centre d’art de Tadao Ando. Selon Damien Hirst, « Ce que Paddy McKillen a accompli à Château La Coste est exceptionnel. Il en a fait un endroit unique et magique. Je suis ravi d’être le premier artiste à pouvoir exposer mes oeuvres sur l’ensemble du domaine, notamment dans les magnifiques pavillons dessinés par Frank Gehry, Oscar Niemeyer et Richard Rogers. Paddy McKillen est un ami et j’admire son génie, sa vision pour créer des endroits où l’on se sent bien. C’est un immense honneur pour moi de prendre part à cette aventure. »

Château La Coste
Du 2/03 au 23/06 - Tlj, 12h-18h
12/40 €
www.chateau-la-coste.com
2750 route de la Cride
13610 Le Puy-Sainte-Réparade
04 42 61 92 92

Article paru le mercredi 17 avril 2024 dans Ventilo n° 496

The Light That Shines, exposition de Damien Hirst au Château La Coste

Lumière et toiles

 

L’exposition consacrée à Damien Hirst sous le titre The Light That Shines offre pour la première fois à un seul artiste la possibilité de répartir ses œuvres sur l’ensemble du Château La Coste. En résulte une rétrospective éclatée, répartie dans différents espaces d’exposition et accompagnée de sculptures massives éparpillées sur tout le domaine.

  Né en 1965 et élevé depuis, comme ses ainés Jeff Koons ou Ai Weiwei, au statut de superstar, Damien Hirst partage avec eux un besoin constant de changer de technique. Son œuvre passe ainsi sans sourcilier de l’huile sur toile au bocal de formol et de la sculpture sur marbre au mandala d’ailes de papillon. Pourtant, d’un pavillon à l’autre, le fil conducteur de son travail se dégage, fait d’une vision profondément ironique des réflexions binaires nourrissant l’art depuis ses origines. Le beau et le laid, l’ancien et le nouveau, mais surtout la vie et la mort, sont ainsi perceptibles dans quasiment chacune des œuvres présentées ici. Dans le pavillon Renzo Piano se trouvent des pièces issues de la série qui a fait connaitre Hirst du grand public. Intitulée Natural History, elle est constituée de cuves contenant des corps d’animaux, des petits poissons aux requins massifs, comme figés en suspension dans le formol, jouant sur la ligne ténue qui sépare l’image du vivant de celle de la mort. The Ascension présente ainsi, conservé à la verticale, un veau né avec six pattes à la fois repoussant et fascinant. De manière inattendue, l’ambiguïté de sa production en 2003 fait aujourd’hui écho à l’histoire d’un animal similaire devenu, en 2022, star des réseaux sociaux au point d’être sauvé de l’abattoir et débarrassé chirurgicalement de sa malformation pour désormais couler des jours heureux dans une prairie offerte par ses fans : la vie, la mort, Hirst et Instagram en un curieux miroir. Cette ambiguïté se retrouve, teintée d’un humour un peu plus léger tout de même, dans l’ensemble Treasures From the Wreck of the Unbelievable (Trésors de l’épave de l’incroyable), installé dans le pavillon Oscar Niemeyer et fruit d’une exposition massive qui eut lieu 2017 au Palazzo Grassi, à Venise. Si Hirst nous y présente ces œuvres comme des antiquités provenant d’une épave fraichement découverte, le crâne supposé d’un cyclope laisse rapidement perplexe. Mickey, Minnie, Donald, Pluto et Dingo, en marbre de carrare du plus bel effet et en bronze juste à côté, confirment nos doutes : s’il est ici question d’histoire et d’authenticité, ce n’est que pour mieux se moquer de nos certitudes. Les autres volets de l’exposition se centrent sur la peinture et les arts graphiques. S’y croisent les motifs circulaires d’ailes de papillons imprimées, qui se veulent aussi réalistes que celles collées ailleurs par Hirst peuvent sembler artificielles, mais aussi des toiles sombres représentant des visions du cosmos ou, plus récemment, des éclaboussures lumineuses et colorées de pétales de fleurs. Y apparait un côté de son travail où le geste traditionnel du peintre se fond en un caractère répétitif et aléatoire qui n’est pas sans rappeler, délibérément, la production et la consommation de masse de notre époque. Au final, cet humour parfois potache, parfois sombre, mais toujours très british de Damien Hirst, allié à une conception extrêmement méticuleuse, construit une exposition dont on ne sort pas indifférent, surtout quand elle a pour fond improbable le cadre cézannien du Château La Coste.  

Pierre-Nicolas Bounakoff

 

The Light That Shines de Damien Hirst : jusqu’au 23/06 au Château La Coste (Le Puy-Sainte-Réparade)

Rens. : https://chateau-la-coste.com/fr/