Américo Basualto - Tout doit disparaître

Peintures

Galerie Kokanas
Jusqu'au 13/05. Lun-ven 10h-18h sur RDV au 06 08 96 18 02 ou à rp@kokanas.com
Entrée libre
https://www.kokanas.fr/
53 Chemin du Vallon de l'Oriol
13007 Marseille
06 08 96 18 02

Article paru le mercredi 30 mars 2022 dans Ventilo n° 461

C’est arrivé près de chez vous | La Galerie Kokanas

Passage des arts

 

Nichée en haut du Chemin du Vallon de l’Oriol au cœur d’Endoume, la galerie Kokanas explore des formes d’art variées et complémentaires, s’appliquant à mettre à l’honneur des artistes émergents. Rencontre avec Sébastien Thévenet, marseillais à l’origine du projet artistique et à la passion contagieuse.

    « La glycine d’en face est sur le point de célébrer le printemps ! » nous fait joyeusement remarquer Sébastien en nous accueillant dans sa galerie. Aux murs, des œuvres grands formats, dans tous les sens du terme : grands personnages, grandes émotions, grande palette de couleurs et imposantes sculptures… « On expose en ce moment Americo Basualto, un artiste plasticien chilien qui explore beaucoup de styles différents. Ça fait partie de mes constantes de vouloir montrer cette disparité chez les artistes. Ici on sent quelque chose de coloré et vitaminé, mais surtout un travail de composition exceptionnel devenu rare aujourd’hui étant donné que beaucoup peignent à partir de photos. » Nos yeux vont d’une toile à l’autre, d’un univers à un second, et nous tombons sur cet immense portrait d’une femme nue, assoupie. « Là, on peut voir qu’il a travaillé beaucoup plus la matière, que sa carnation, sa chair ont été tout à fait incarnées pour la sortir du cadre. On a l’impression qu’elle est en état de rêve, peut-être de semi-conscience après avoir fait l’amour ! En tout cas, on a à faire à un style plus germanique, à des couleurs plus froides, et dans ces dessins en noir et blanc que vous voyez ici, les corps se transforment en dieux, à la croisée de l’URSS et de Botero. Pour moi, son travail c’est sincèrement de l’ordre du génie. » En continuant de visiter les lieux, nous rejoignons la réserve juste à l’arrière, ouverte sur la pièce principale. Dans un coin, nous remarquons un support sur lequel sont délicatement rangés toutes sortes de masques anciens. S’il a toujours eu envie d’avoir sa galerie, Sébastien Thévenet est avant tout auteur et metteur en scène. Après avoir fait ses études puis travaillé comme critique d’art dans les théâtres à Paris — en plus d’avoir encadré des projets dans des prisons et s’être lancé dans la réalisation de quelques films —, ce Marseillais a repris le chemin vers le sud, pensant y faire vivre un nouveau projet de théâtre, avant que la pandémie n’en décide autrement. « Tout était fermé, impossible de reconstruire un carnet d’adresses ni d’avoir la confiance pour créer quelque chose dans lequel croire dans des temps si incertains. Alors j’ai tout repensé. J’ai toujours traîné dans les musées parce que j’ai une passion pour l’art pictural, ce qui est bien sûr très lié à la mise en scène. Or, le théâtre peut avoir beaucoup de contraintes : il faut écrire, trouver une équipe, gérer les plannings, produire, trouver un lieu, payer les comédiens… Cette fois-ci, je me suis dit que je pouvais envisager les choses autrement, en étant seul responsable d’un lieu où je pourrais inviter à une expression artistique ouverte, mêlant les genres et permettant aussi la performance. » En plus d’une exposition qui tourne tous les deux mois et demi, on trouve donc à Kokanas des spectacles en tout genre, soit d’artistes invités, soit mis en scène par le propriétaire des lieux qui saisit ces occasions pour continuer à exprimer sa propre vision. Concerts, récitals, lectures… et surtout vernissages animés lors desquels les visiteurs s’éparpillent jusque dans la rue, dynamisant ainsi le quartier. « J’ai la chance d’être seul dans le coin, ce qui fait que je draine pas mal de monde. Ma clientèle est double : les personnes âgées qui ont davantage les moyens pour acheter de l’art, et des jeunes qui viennent mettre l’ambiance lors d’évènements. Et depuis peu avec le studio, on équilibre aussi cette question de génération. » Au fond de la réserve en effet, une vieille chambre photographique s’élève sur un pied. Ce studio n’est pas n’importe lequel, car il propose la réalisation de photos via la technique du collodion humide en collaboration avec son ami Nicolas Chabrol. « À l’époque, Nicolas développait encore dans sa chambre. Il m’a parlé de cette idée et je me suis dit que c’était génial, alors on s’est lancés. C’est toute une préparation : il faut préparer la plaque vierge avec des produits, la glisser dans le châssis, respecter le temps de pause du portrait, mettre un révélateur, rincer puis faire sécher… On propose cette prestation sur place via rendez-vous ou pour des mariages. Ça plaît beaucoup car le procédé ultra technique et manuel, au cours duquel il faut aussi installer une certaine relation avec le sujet, promet une photo d’une grande intensité. » Puisque la scène reste son terrain de jeu favori, Sébastien a pour projet d’ouvrir, en plus d’ateliers à la Belle de Mai pour favoriser le lien entre espace d’exposition et espace de création, un troisième lieu qui accueillerait de plus grands évènements. « Les ateliers vont offrir aux artistes dès cet été un point de liaison avec la galerie. Quant au festival qui se déroulera en septembre, ce sera un lieu d’art pluridisciplinaire autour du théâtre principalement, mais où tout pourra se rejoindre, dont j’aimerais que le thème soit la folie. Parce que même si on a tous été freinés ces derniers temps, moi je crois en une chose, c’est que dans la vie il ne faut pas attendre qu’on te donne la permission de faire ce que tu veux, il faut juste y aller et s’éclater ! »  

Hermine Roquet Montégon

 

Galerie Kokanas : 53 chemin du Vallon de l’Oriol, 7e.

Rens. : 06 08 96 18 02 / www.kokanas.fr

Le programme de Kokanas ici