Working Class Heroes

Working Class Heroes

Le comptage des manifestants du 1er mai nous sera ressassé. Un peu plus ou un peu moins, en chiffres romains ou arabes, ne changera rien au constat. Six mois inédits de crise sociale n’ont pas trouvé d’issue. La contestation spontanée des gilets jaunes, le mouvement climatique élargi, élèvent des revendications communes. Les pieds qui battent le goudron marseillais répondent aux mêmes appels, auxquels s’ajoutent ici ceux des nombreux délogés de l’après 5 novembre et leurs soutiens. Le slogan « Fin du monde, fin de mois, même combat » résume le lien évident et programmatique entre batailles. Quels en sont les adversaires ? Les mêmes tenants d’un ordre économique qualifié de « système ». Une tribune de l’économiste Philippe Langevin, spécialiste des questions de pauvreté, parue dans Marsactu puis Ventilo, nous informait des écarts de conditions de vie de 1 à 50 entre les quartiers de Marseille, du Roucas-Blanc à la Belle-de-Mai, et nous révélait à quel point les classes favorisées tendaient à la sécession. Chargé d’éteindre les incendies qui effraient ses amis, Emmanuel Macron joue la carte de l’épuisement et gagne du temps pour calmer les ardeurs populaires. Son peu d’annonces affiche le faible écho des mouvements sur ses décisions. L’irrésistible progression de la pauvreté, en particulier dans notre ville, fabrique chaque jour plus de gilets jaunes, visibles ou non. « A working class hero is something to be » répétait John Lennon dans sa transition du pacifisme à l’activisme politique. Une fois expérimentés et organisés, tous ces nouveaux engagés volontaires dans la vie politique n’entendent pas prendre le chemin inverse et nous invitent à les suivre.

 

Victor Léo

 

Tribune de l’économiste Philippe Langevin