Cosmic disease de Morgan Patimo

Sud Magnétique à Vidéochroniques

Ne pas perdre le sud

 

Et si Marseille attirait les artistes comme un aimant ? Est-ce le soleil ? La lumière ? La mer ? L’espace ? Telles sont les questions que s’est posées Édouard Monnet, commissaire de l’exposition Sud Magnétique à Vidéochroniques.

 

Le Sud Magnétique, c’est un phénomène que l’on observe ces dernières années dans le champ (magnétique lui aussi) de l’art marseillais. Cette hypothèse est prouvée par les faits : les artistes y installent leurs ateliers, des lieux plus ou moins alternatifs ouvrent, des institutions éclosent… Un terrain fertile pour la création contemporaine. Et beaucoup de rencontres. À partir de cette première intuition, Édouard Monnet, directeur de Videochroniques depuis une vingtaine d’années, a réalisé ce qu’on appelle un constat par déduction et nous en présente les preuves dans cette exposition au titre évocateur. Les faits sont avérés : onze artistes (parmi tant d’autres acteurs culturels), né.e.s presque tou.te.s dans les années 90, ont migré vers un horizon plus bleu ces dernières années pour y développer leurs pratiques. Comme si la boussole, au lieu d’indiquer le nord, avait déraillé pour pointer le sud.

Le texte de l’exposition se présente comme un exposé scientifique qui explique le « géomagnétisme » et qu’on vous laisse le soin de lire. Ce qui est sûr, et là par un constat d’expérience, c’est que les œuvres de ces jeunes artistes provoquent elles aussi cette attraction chez le spectateur. Que ce soit par leurs formes, leurs matières ou leurs techniques, elles happent celui qui les regarde. La première sculpture d’Adrien Menu à laquelle on fait face lorsqu’on monte les marches serait-elle le symbole de l’illusion que cette attraction physique procure ? Les fragments de gravas d’Amandine Capion génèrent un effet similaire, ils attirent par leur forme lisse et blanche alors qu’ils sont en fait des décombres. Certaines choses sont pourtant ce qu’elles sont, sans apparat, comme cette installation de Jérémy Boulc’h qui propose un bac avec des objets manufacturés Ikea. On entre dans une salle aux tons clairs ; les dessins et formes de Morgan Patimo qui la remplissent ont le même effet que les deux facettes de l’aimant, ils vous attirent et vous repoussent.

On croise aussi un chat improvisant sur un synthé qui aurait peut-être subi un phénomène similaire à celui de l’exposition. On vous laisse le ressentir par vous-même en éprouvant, via votre corps, ce magnétisme chronique.

 

Mathilde Ayoub

 

Sud Magnétique : jusqu’au 13/04 à Vidéochroniques (1 Place de Lorette, Marseille 2e).

Rens. : www.videochroniques.org