Plano Flexionante Circular 5 d’Elias Crespin

Structures de l’Invisible à la Fondation Vasarely

Science frictions

 

L’exposition Structures de l’Invisible illustre les rapports entre arts et sciences, poursuivant ainsi les interrogations de Victor Vasarely.

 

Produites par huit artistes ayant parfois travaillé en lien avec des scientifiques, les dix-huit œuvres exposées construisent un espace inédit à travers l’exploration des particularités physiques de certains matériaux.
En ouverture de l’exposition, les œuvres d’Isabelle Sordage donnent le ton. L’artiste s’intéresse à la manière sonore et à ses dimensions spatiales : son installation Boîte à dessin, discrète car totalement immersive, laisse passer le spectateur devant des paraboles peu voyantes. Seul un son, ténu, lui permettra de prendre conscience de l’œuvre et de se l’approprier.
La même artiste joue de nos perceptions visuelles avec l’installation Statfontaine, contenue dans un espace réduit : un jet d’eau semble s’écouler à l’envers, offrant au spectateur une parenthèse étrange et poétique.
La pièce adjacente accueille, entre autres, la sculpture Plano Flexionante Circular 5 d’Elias Crespin : composée de fins tubes métalliques, elle forme et déforme un cercle, inlassablement et presque insensiblement, amenant à une lente contemplation. On retrouve d’ailleurs comme un appel à la contemplation et à l’immobilité avec la remarquable installation Bruits blancs de Marine Antony : une pièce entière, plongée dans l’obscurité, est occupée par des coussins et des modules blancs, lesquels ne se mettent à onduler que lorsque le spectateur cesse de bouger…
Enfin, à l’étage, d’autres œuvres jouent sur le mouvement des matériaux en rapport au spectateur : on retiendra notamment From the Faraway Past et From the Future d’Ivan Franke, un tissage d’où émergent des cercles lumineux au fur et à mesure de la déambulation du spectateur, se plaçant de fait en totale continuité avec les réflexions de Vasarely.
Il s’agit donc là d’une exposition étonnante, aux formes aussi variées que les matériaux qu’elle met en jeu. S’il est dur de donner à voir par des mots ces formes qui, résolument, doivent s’expérimenter, nul doute qu’elles parviennent, à leur manière, à œuvrer contre le cloisonnement entre arts plastiques et sciences exactes.

Estelle Wierzbicki

 

Structures de l’Invisible : jusqu’au 4/02/15 à la Fondation Vasarely (Jas de Bouffan, 1 avenue Marcel Pagnol, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 20 01 09 / www.fondationvasarely.fr