Pour le reste, on verra © Thomas Fourneau

Pour le reste, on verra de Mireille Guerre

Histoire informelle

 

Pour le reste on verra, dernière création au Théâtre des Bernardines pour sa co-directrice Mireille Guerre, tourne une page de l’histoire démarrée en 1987 dans la chapelle.

 

Un titre évocateur d’aucun comme de tous les futurs possibles, pour une pièce qui se frotte au temps, aux souvenirs, au vide. Pour cette création finale au sein des Bernardines, Mireille Guerre s’est laissé guider par ses intuitions. Dans « l’attente de rien » et « la soif de tout », pour résumer la phrase d’André Breton qu’elle cite dans sa note d’intention, elle s’est faite maître d’œuvre de la rencontre entre la danseuse Raffaella Giordano et le comédien Arnaud Saury, dont elle est devenue le témoin attentif, parfois exclu. Contemplant, telle un fantôme, leurs propositions jaillir du canevas blanc du plateau (où, à ses yeux, devaient danser les spectres de tous les corps ayant foulé cette scène en presque trente ans), la tragédienne s’est peu à peu imaginé comment meubler, une ultime fois, cet espace vide : des chaises rouges, restes oubliés, « vieux guerriers ma foi » recyclés en éléments scénographiques, une femme seule (elle), une jeune fille (Valentina Bechi), la mort, Schubert, des textes d’Heiner Muller, de Shakespeare, de Suzanne Joubert sa fidèle collaboratrice, d’elle-même… Parce que précisément, l’heure de tirer définitivement le rideau approche, sonne le temps de l’audace et de la prise de risque, celui de faire confiance en l’inconnu, en la fragilité, au partage.
Mireille Guerre rapporte une autre citation, de Bernard Noël cette fois, issue de La Lampe d’Anna, sortie d’une autre époque : « Je veux voir mourir ma vie. » Apparemment, Pour le reste on verra se résume pour l’instant à ça : parler de la mort avec du vivant, dire adieu et célébrer la fin d’une vie. Le reste, ce sera le regard du public qui le scellera.

Barbara Chossis

 

Pour le reste, on verra de Mireille Guerre : du 7 au 11/04 au Théâtre des Bernardines (17 boulevard Garibaldi, 1e).
Rens. : 04 91 24 30 40 / www.theatre-bernardines.org