Marseille by Nash

Portrait : Nash

Du bon œil

 

Capturer des émotions avec des images et des mots, tel est le credo de Nash, artiste touche-à-tout qui prend les gens en photo comme il respire.

 

« Je suis un photographe sans appareil photo. » Le premier appareil que Nasser Chebbi, alias Nash, a tenu dans ses mains était un Canon 400D, prêté par un ami à la fac. A 32 ans, le Marseillais fait figure d’exception dans le milieu artistique.
Il y a une dizaine d’années, lorsqu’il n’était qu’étudiant en biologie, Nash a découvert la photographie grâce à une amie, avec laquelle il a monté un laboratoire amateur. De l’argentique au numérique, Nash s’est essayé à tous les genres, en autodidacte. « Je prends des photos comme je le ressens. » Dans ses tirages, il y a des portraits, des scènes de rue et des moments du réel. Son premier terrain d’expérimentation, il le trouve dans le quartier de la Belle de Mai, où il a grandi. Aujourd’hui, il est témoin de l’évolution urbaine en marche : « Ce quartier se boboïse et ça me plaît. Il y a une vie associative que je découvre sans cesse. » Si le changement est à l’œuvre dans le paysage marseillais, Nash peut, au contraire, « capturer des souvenirs… Je prends des photos d’archives de la population, comme le ferait un photoreporter. »
Le contact avec les Marseillais n’est pas toujours facile. Parfois, Nash doit faire une première approche sans appareil pour qu’ils acceptent d’être photographiés. Mais pour ce jeune artiste d’origine tunisienne, le contact passe souvent par le biais du beatbox. A côté de la photographie, Nash pratique ce qu’il appelle un « beatbox humoristique et interculturel », entre hip-hop, blues et jazz. Avec trois amis varois (Deun’s, Charli Brown et Rythming), ils ont créé les Woodman Beatbox, qui fêtent leur troisième anniversaire. Pour l’heure, Nash et ses compagnons préparent un spectacle mêlant à la fois performance musicale, mimes et dialogues, épaulés notamment par l’humoriste Patrik Cottet-Moine.
Nash entretient un lien très fort entre photographie et beatbox, dans sa vie personnelle comme professionnelle. Dans ses expositions, il ajoute toujours un peu de performance musicale. En plus d’être un artiste protéiforme, Nash est aussi impliqué dans des causes. A chacune de ses expositions, la moitié de l’argent récolté est reversé à l’association Vaincre la mucoviscidose. « A l’avenir, j’aimerais intervenir pour d’autres causes », précise le photographe. Cependant, aucun tarif n’est obligatoire pour les spectateurs, qui peuvent accéder à l’exposition librement. Nash vend ses photos au format carte postale à prix libre, pour que chacun y mette ce qu’il peut.
Pas question donc d’imposer quoi que ce soit. Pour Nash, ses photos ont une valeur avant tout sentimentale : « Pour moi, la photo doit exprimer ma sensibilité… avec une préférence pour le noir et blanc, qui laisse la place à l’imagination. »

Clarisse Treilles

 

Marseille by Nash : le 12/02 à l’ID Fixe (74, cours Julien, 6e).
Rens. : www.facebook.com/marseillebynash