Pierre Malphettes – L’Horizon des particules
© Pierre Malphettes

Pierre Malphettes à Vidéochroniques

Bien fait, mal fait, pas fait (1)

 

Très belle exposition de Pierre Malphettes chez Vidéochroniques, L’Horizon des particules confirme l’attrait de l’artiste pour les beautés poétiques recelées dans les lois de la nature, traduites dans des matières et dans des formes confondues.

 

Pierre Malphettes est sans aucun doute l’un des artistes les plus intéressants de notre territoire, avec un travail évoluant au cours des années vers des formes sculpturales et graphiques plus expérimentales, laissant davantage la place au processus… Il n’a cependant jamais perdu le goût de l’oxymore visuel, caractéristique d’un travail qui, pour le coup, s’accorde mal avec l’adage de Robert Filliou Bien fait, mal fait, pas fait.

Au-delà du jeu de mot, Pierre Malphettes assène à ses sculptures comme à ses dessins une dextérité et une réalisation implacables, presque signées de la main de dieu comme dirait Anish Kapoor. S’éloignant des raccourcis trop évidents pour parler d’une planète menacée, il préfère évoquer à travers l’infiniment petit et l’infiniment grand les matières et les transformations qui mènent à la forme. C’est presque par la force naturelle des choses que les dernières œuvres de Pierre Malphettes adviennent : une tache d’encre imbibe du papier, un jeu de lignes tracées par le sable, un vide qui désorganise un réseau linéaire…

Dans l’exposition L’Horizon des particules, les œuvres d’hier côtoient celles d’aujourd’hui en remontant le temps. Le sable du verre des néons de 2010 (Ligne de crête) a fini par ne plus se transformer. Il demeure dans son état initial et dessine au sol les sillons d’un mouvement qui le précède. Les lignes lumineuses qu’il formait il y a dix ans laissent place au hasard maitrisé d’un sac de sable percé qui dessine un hélicoïde. La météorite suspendue s’est broyée pour revenir à la poussière, comme celle que l’on retrouve dans l’installation Volcan, fleuves et delta, dans laquelle « l’eau devient producteur de forme » pour citer l’artiste.

Si la nature des éléments intéresse plus Pierre Malphettes que leur symbolique, c’est leur transformation et le couple forme/matière théorisé par Aristote qui régit désormais son travail. Une flaque d’eau en néon, des nuages de verre, un IPN sculpté comme de la dentelle de Bruges… Si l’artiste a longtemps joué des contradictions entre la forme et sa matière détournée, il cherche aujourd’hui des correspondances visuelles parfois en opposition, comme les dessins optiques accolés aux dessins (naturalistes) des arbres, entre lesquels il nous appartient de trouver des correspondances, ou des associations harmonieuses lorsque le noir rencontre le blanc dans la très belle pièce Titre à venir, 2019.

« Je trouve ça poétique que les lois de la nature et les lois de la physique, qui régissent l’univers dans sa totalité, du grain de sable à l’amas stellaire, soient les mêmes. » Pierre Malphettes

 

Céline Ghisleri

 

Pierre Malphettes – L’Horizon des particules : jusqu’au 13/07 à Vidéochroniques (1 place de Lorette, 2e).

Rens. : 09 60 44 25 58 / www.videochroniques.org/

 

 

 

Notes
  1. Bien fait, mal fait, pas fait est une œuvre de Robert Filliou (1969) qui ancre l’art dans son concept et non dans sa réalisation.[]