News from house / News from home - Documentaire (Israël – 1h27) d’Amos Gitaï

News from house / News from home – Documentaire (Israël – 1h27) d’Amos Gitaï

Le film commence en noir et blanc. La scène se déroule sur le mont Hébron. Des ouvriers palestiniens brisent la roche pour en extraire des pierres qui vont servir à construire une maison. Chacun armé d’une masse excessivement lourde, ils frappent le sol, à un rythme régulier. Le choc du métal et de la pierre résonne… (lire la suite)

Terre promise

Le film commence en noir et blanc. La scène se déroule sur le mont Hébron. Des ouvriers palestiniens brisent la roche pour en extraire des pierres qui vont servir à construire une maison. Chacun armé d’une masse excessivement lourde, ils frappent le sol, à un rythme régulier. Le choc du métal et de la pierre résonne dans la carrière, créant du même coup une mélodie improvisée, une succession de notes à la fois sourdes et cristallines. Nous écoutons, stupéfaits, cette musique concrète première, bercés par les mouvements des corps et des outils. Gestes millénaires, besoins universels, Amos Gitaï nous introduit en douceur dans cette histoire d’hommes et de pierres. News from house / News from home est le dernier volet d’une trilogie documentaire, commencée par House en 1980 et A house in Jerusalem dix-huit ans plus tard. C’est l’histoire d’une maison à Jérusalem et de plusieurs générations de propriétaires successifs. Le sujet du film est lié à la première orientation professionnelle d’Amos Gitaï : avant d’être cinéaste, il était architecte. Mais ici, point de discussion technique, nulle trace de chiffres ou de plans. Plus que les murs, ce qui compte pour le réalisateur israélien, ce sont les hommes. On suit alors les aventures familiales des différents occupants. Une famille palestinienne bourgeoise l’habite jusqu’en 1948, la maison est ensuite « confisquée » par l’Etat d’Israël nouvellement créé, des immigrés juifs d’Algérie l’occupent jusqu’en 1979 et elle est ensuite rachetée et restaurée par un professeur d’université. A travers tous ces destins, c’est une partie de l’histoire du vingtième siècle qui se dessine, de la Shoah au conflit israélo-palestinien. La maison, ce lien de protection où se crée la vie de la famille, devient alors malgré elle le symbole d’une lutte politique et d’un mouvement collectif. Outre l’excellente idée de mêler destins personnels et histoire globale à travers un lieu unique, le film a aussi le mérite de nous proposer sur un même sujet (la maison) des points de vue très différents. Palestinien, Israélien, propriétaire ou ouvrier, chacun témoigne, rapportant son histoire et ses idées. Rarement dispositif cinématographique nous sera apparu aussi égalitaire et compréhensif. La fin du film est elle aussi magnifique, marquant une jolie distance entre le réalisateur et son œuvre, mais vous la décrire serait trop vous en dire. On sait maintenant que si les pierres sont lourdes, c’est parce qu’elles sont chargées d’histoire.

nas/im