Mike Diana

Mike Diana au Petirama

American Psycho

 

Premier artiste condamné pour obscénité aux Etats-Unis, Mike Diana n’a pas pour autant abandonné son œuvre et expose en ce moment au Petitrama de la Friche, à l’initiative du Dernier Cri. Décryptage de cet univers underground et de son auteur, un « teenager » qui ne voulait pas grandir.

 

Il aura suffi d’une divergence de goûts et d’opinion pour faire de Mike Diana un artiste à part. Si ses dessins ne trouvent pas grâce aux yeux de l’Etat de Floride, qui l’a condamné pour obscénité et lui a interdit d’exercer son art, d’autres voient en lui un véritable artiste. Parmi eux, Pakito Bolino du Dernier Cri a choisi de lui offrir un lieu d’exposition au cœur de la Friche. Au Petirama, ses dessins en noirs et blancs couvrent les murs tandis que dans la pièce attenante, une vidéo, réalisée avec le concours du Dernier Cri lors de sa dernière résidence d’artiste, tourne en boucle.
Ici, seuls les adultes sont admis, paradoxe intéressant lorsque l’on sait que ces œuvres sont une critique de ce monde.
Fan de films gore, Mike Diana y a trouvé son inspiration avant de raconter sa propre histoire, après la condamnation, n’hésitant pas à se mettre en scène dans des visions cauchemardesques, véritable exutoire à sa colère. A la fois trash, porno, drôles et intimes, ses dessins s’inscrivent dans la tradition des comics underground.
Souvent dérangeant, Mike Diana a le chic pour mettre en exergue les problèmes inhérents à la société américaine et met le doigt là où ça fait mal. De ses premières planches auto-éditées aux peintures et pochettes de CD pour des groupes punk, il n’a pas changé de style, comme un môme qui refuse de grandir et se complaît dans son rôle d’empêcheur de tourner en rond. Quant à la vidéo Religions sauvages, réalisée avec le Dernier Cri, elle s’apparente à un intense trip sous acide où les images aux couleurs vives se succèdent à toute vitesse sur fond sonore agressif.
Le tout a un petit côté jouissif à condition de saisir l’intention du dessinateur, qui n’est pas tant de choquer — peut-être un peu, pour le plaisir — que de nous ouvrir les yeux sur nos propres contradictions et hypocrisies.

Aileen Orain

 

Mike Diana : jusqu’au 16/03 au Petirama (Friche La Belle de Mai, 41 rue Jobin, 3e).

¡ Expo interdite aux moins de 18 ans !

Rens. www.lafriche.org/content/mike-diana

Pour en (sa)voir plus : www.mikedianacomix.com