The Blaze

Marsatac 2017

Le fil rouge

 

Marsatac met le feu aux poudres en dotant cette dix-neuvième édition estivale d’une programmation en camaïeu rubicond.

 

Après un dix-huitième opus plus que réussi à La Friche, l’association Orane revient en force avec deux changements de taille : saison et lieu. On le retrouve au début de l’été, donc, dans un lieu d’ordinaire pas si funky : le Parc Chanot. On a hâte de voir comment les différents collectifs de plasticiens se seront emparés du décor des halls du Parc qui, s’ils ont reçu quelques concerts mythiques, ont plus l’habitude d’accueillir conventions, salons et autres foires que des festivals de musique. Pour cette édition, exit l’apartheid des genres tenté en septembre dernier : hip-hop et techno attiseront ensemble le brasier avec deux soirées hybrides où verve scandée et sons synthétiques feront, on l’espère, des étincelles, via un savant mélange de têtes d’affiches internationales et de saveurs locales.

 

Red Friday

La soirée du vendredi guidera les spectateurs comme un fil rouge depuis la naissance de festival en 1999 à l’Espace Julien jusqu’à notre ère digitale avec le retour, dix-huit ans après, de la Fonky Family. Si on avait pu les voir ensemble il y a deux ans pour un concert de soutien à Pone, leur ami et producteur atteint de la maladie de Charcot, ils seront à nouveau rassemblés au Grand Palais pour la plus grande joie des fans, aussi nombreux, paraît-il, que les abonnés au stade.

Au Grand Palais toujours, deux autres groupes de vétérans du hip-hop, chacun signés chez Tommy Boy Entertainment, sont impatiemment attendus : les Irlando-Américains de House of Pain (notamment connus pour leur tube interplanétaire Jump Around), et les New-Yorkais De La Soul, qu’on ne présente plus, tant ils ont écumé les scènes, notamment marseillaises, ces dernières années.

Pour partager l’affiche, le rappeur sétois Demi Portion, l’Américain Sango avec son r’n’b du futur et Princess Nokia de Harlem, avec son rap enfiévré féministe. Au Palais de l’Europe, Soulwax, formation des frères Dewaele, a.k.a. 2 Many DJ’s, nous entraîneront dans un live futuriste, le Transient Program, une installation nomade orchestrée sur scène par sept musiciens. Les Écossais de Young Fathers feront entendre leur son empreint de multiples influences, ce qui leur aura notamment valu un Mercury Prize et la première partie de Massive Attack.

L’électro martiale des Birdy Nam Nam, déjà passés par la case Marsatac en 2005, sera aussi de retour avec un nouvel album, comme une promesse — ou une menace : Dance or Die. Le flot acéré du jeune Machine Gun Kelly, ainsi que les rythmes groovy du Français 20Syl (C2C, Hocus Pocus) alliés au MC Mr J. Medeiros, réunis dans Aaltta, seront également de la partie.

Dans le Palais phocéen, la techno sera à l’honneur, avec un plateau taillé sur mesure autour d’un Nicolas Jaar qui, après un side project assez sombre, Darkside, revient pour présenter son nouvel album, Sirens, classieux mélange de sons saturés, de rythmiques et de mélodies.

Autour de lui donc, on retrouvera la techno matinée de post-punk expérimental des Anglais de Powell et celle, plus extraterrestre et arty, de leur compatriote Actress.

Cerise sur le gâteau : la poésie à brûle-pourpoint des rappeurs français de The Blaze et la techno mi-ambient mi-psyché de l’Allemand Roman Flügel.

 

Saturday Night Fever

Les têtes d’affiche du samedi soir seront, sans conteste, les freaks sud-africains Die Antwoord et leur rap électro qui mixe afrikaaner et anglais. En parallèle à leur esthétique destroy, Vald, le rappeur français facétieux à l’humour mi-figue mi-raisin, allumera aussi la scène du Grand Palais. Mr Oizo, aka Quentin Dupieux, émérite réalisateur de films surréalistes et père du drôle d’oiseau jaune Flat Eric, nous fera transpirer avec un nouvel album, All Wet, tout droit sorti de sa Californie d’adoption. Le dubstep de l’Israëlien Borgore et le hip-hop excité des jeunes Anglaises Amy Love et Georgia South, de Nova Tunes, s’ajouteront au line up du hall. Côté Palais de L’Europe, la techno sera à l’honneur avec celle, minimale, de Dubfire, et celle, princière, de l’Allemand Michael Mayer, co-dirigeant du label Kompakt. Les Danois de Whomadewho, également signés chez Kompakt, feront leur retour, douze ans plus tard, à Marsatac. Notre Kid Francescoli national, Mathieu Hocine, viendra nous ravir une fois encore en compagnie de son ex et présente collaboratrice, Julia Minkin. Leur dernier album, Play Me Again, a probablement sonné plus d’une fois dans vos oreilles depuis sa sortie, ce sera l’occasion de se dandiner en live sur cette pop suave et romantique.

Dans une formation détonante, les instrumentistes allemands de Meute reprendront en fanfare les tubes digitaux de Laurent Garnier, Jeff Mills et Carl Craig, entre autres bonnes références. Enfin, Humantronic fera un back to back avec une nouvelle recrue des platines, Margot Maccario.

Alerte rouge au Palais Phocéen, où les $uicideboy$ feront suinter un rap teinté de trap et de metal made in New Orleans. Elle nous a fait attendre, mais on pourra enfin s’électriser grâce au grime de Little Simz, la prodige encensée par André 3000 et Kendrick Lamar, qui était programmée l’an passé mais qui n’avait pu venir…. Tommy Cash, l’Estonien étrange, continuera d’attiser les passions tandis que les Parisiens Bon Gamin et Prince Waly et les Marseillais de Guirri Mafia, issus de Félix Pyat, seront la garantie rap conscient de la soirée. En marge de ces deux soirs incandescents, Marsatac nous donne également quelques rendez-vous alléchants, au Daki Ling le 7 avec un goûter hip-hop pour les enfants, le 16 au Baby Club pour un voyage en Twerkistan, le 21 sur le toit-terrasse de la Friche pour fêter la musique, le 24 à l’Alcazar avec les fanfarons de Meute, et le 25, après la bataille. Pour se remettre de ses émotions en douceur.

 

Barbara Chossis

 

Marsatac : les 23 & 24/06 au Parc Chanot (Rond Point du Prado, 8e).
Rens. : www.marsatac.com

Le programme complet du festival Marsatac ici