Loft - (Japon – 1h52) de Kyoshi Kurosawa avec Yumi Adachi, Miki Nakatani…

Loft – (Japon – 1h52) de Kyoshi Kurosawa avec Yumi Adachi, Miki Nakatani…

Loft réussit un tour de force esthétique qui suffit à plonger le spectateur dans un effet de sidération instantané. Voilà un film de fantômes débarrassé de ses oripeaux et uniquement préoccupé par son objet : La peur. Le film d’horreur parfait, en somme, puisque son sujet même… (lire la suite)

Ventilo se déchire

Histoires d’eau

Loft réussit un tour de force esthétique qui suffit à plonger le spectateur dans un effet de sidération instantané. Voilà un film de fantômes débarrassé de ses oripeaux et uniquement préoccupé par son objet : La peur. Le film d’horreur parfait, en somme, puisque son sujet même est le visage terrifié d’une femme. Avec quelques chefs-d’œuvre comme Cure et Kaïro, Kurosawa a creusé un sillon particulièrement original dans le genre : filmer moins la cause de la terreur que ses conséquences, afin d’en trouver les origines. Ainsi, son cinéma tend progressivement vers l’épure, l’absence totale d’effets superflus. Le cisaillement du cadre, la perméabilité des espaces et des formes, l’inquiétante étrangeté d’un mouvement de caméra, tout cela contribue chez lui à débarrasser le genre de ses débordements esthétiques. La peur travaille toujours en deçà du visible et Loft prolonge encore cette ligne radicale. Ici, ce n’est plus la monstration du spectre qui devient objet de tension mais bien ce qu’elle suscite chez Reiko, le personnage principal. Que cette peur soit d’origine sociale (comme dans Cure) ou cinématographique (l’écrivain de Charisma) importe donc peu dans Loft ; ce qui fascine c’est un visage terrifié et l’interrogation qu’il suscite. Filmer la peur dans les sombres yeux d’une femme qui doute des hommes. Beau programme, assurément.

Romain Carlioz

Vs

Le dernier Kiyoshi Kurosawa, pose problème. Film de tous les genres et donc d’aucun en particulier, il alterne des séquences sublimes et d’autres absolument désastreuses frisant un second, voire un troisième, degré de très mauvais goût. Ceux qui vénèrent Cure ou Kaïro risquent d’être profondément déçus. Cette histoire de spectres et d’amour, d’éternité et de meurtres se perd dans de trop nombreuses ramifications qui, faisant appel à une symbolique particulièrement hermétique, donnent sacrément du fil à retordre. Tant et si bien qu’il se dégage de ce film un vague sentiment de ratage. On perçoit les intentions de l’auteur. Vouloir faire de Loft une œuvre gothique et baroque, une œuvre qui dépasse, par sa virtuosité, le cadre « ordinaire » de la peur et de la folie tel qu’on nous le sert depuis Ring. Mais, à trop vouloir balancer des effets de styles et des métaphores inintelligibles, Loft plonge dans l’invraisemblance et, au final, dans l’ennui. Dommage.

Lionel Vicari