L’interview - Didier Super

L’interview – Didier Super

Prince de la rengaine borderline, musicien malgré tout, ami des bêtes et idole de la rédaction, Didier Super a osé faire dans l’industrie du disque (ce que personne n’avait jamais fait auparavant). La bave aux lèvres, notre apprenti journaliste a voulu en savoir plus, et s’est retrouvé malgré lui – mais fort logiquement – avec un concept à la hauteur du mythe : l’interview tragique… (lire la suite)

Prince de la rengaine borderline, musicien malgré tout, ami des bêtes et idole de la rédaction, Didier Super a osé faire dans l’industrie du disque (ce que personne n’avait jamais fait auparavant). La bave aux lèvres, notre apprenti journaliste a voulu en savoir plus, et s’est retrouvé malgré lui – mais fort logiquement – avec un concept à la hauteur du mythe : l’interview tragique

Alors voilà : tu viens de m’apprendre qu’en vrai, tu ne t’appelles pas Didier Super. Tu fais chier, tu casses le mythe.
Ben si, je m’appelle Didier Super, mais quand je bosse. Voilà.

Tu permets que je t’appelle Didier, ou mieux, mon Didi d’amour ?
Fais-toi plaisir : Didier, c’est vachement bien. Pour « mon Didi d’amour », je vais attendre de voir la gueule que t’as… Putain, c’est une émission de radio ou c’est un journal ?

C’est un journal mais, euh, pas très sérieux on va dire.
Il m’en a parlé, le mec de l’Embobineuse, j’sais plus son prénom… C’est des beatnicks, non ? Ils ont des barbes ?

Je pense que tu vas bien t’entendre avec eux : ils satisfont à des exigences artistiques en tous points conformes aux tiennes. Bon, qu’est-ce qui t’es arrivé avec ton camion ?
Ah, j’étais chez le garagiste, il fallait que je change mon pot. Normalement, j’en avais pour 500 euros, il m’a fait la réparation et je lui ai filé 600 balles au black. Alors c’est cool. T’as des vraies questions sinon ?

Oui, j’en ai une qui arrive, là. Didier, tu t’es fait connaître en sortant un album, euh, artistiquement parlant très en dessous de la moyenne, sur une grosse maison de disques. Ma question est donc la suivante : avec qui as-tu couché ? Parce qu’ils t’ont bien enculé, non ? Je l’ai vu sur ton site !
Ah, ça, ben… A l’époque où j’ai fait le truc, je savais pas pourquoi, mais à force de découvrir le monde de la musique, je commence à mieux comprendre. Tu sais, on peut pas en vouloir aux maisons de disques, ces gens-là ont des gosses à nourrir… Non, la vraie histoire, c’est qu’il s’agit d’un terrible accident, j’y suis pour rien : ça a commencé à Valenciennes, j’ai fait un concert pour remplacer un groupe. Je leur ai dit que je pouvais dépanner, j’avais des chansons rigolotes… C’était en centre-ville, je me suis fait virer au bout de vingt minutes. Et puis je suis tombé sur Christophe, qui fait désormais mon site. J’avais une démo qu’on a mis en ligne, V2 est tombé dessus. C’est un gars dans la maison de disques, viré depuis, qui a voulu me faire enregistrer, contre l’avis de tout le monde. Maintenant que le disque se vend, la maison de disques, elle me parle bien… Et puis ça se télécharge très-très bien sur eMule.

Justement : en pleine adoption de la loi DAVDSI, tu continues d’inciter les internautes – sur ton propre site – à télécharger ton album sur Emule… A V2, ils tirent pas un peu la tronche quand même ?
Tant que la loi est floue, j’en ai rien à branler… Un disque, ça profite à ceux qui le vendent, pas à moi : je dois toucher quarante centimes d’euros par exemplaire vendu, alors qu’il se vende ou pas… Et puis moi, je suis intermittent du spectacle, donc mon boulot c’est de jouer devant les gens.

L’an dernier, tu devais donner un concert au Poste à Galène, finalement annulé. Or une photo, sur ton site internet, te montrais en sale état à l’hosto. Tu t’es fait casser la gueule ?
Eh ben non, je suis tombé de mon vélo, tombé de fatigue parce que l’année dernière, vu que Didier Super ça vendait bien, on m’a fait faire tout plein de dates… Et sur la route, je me suis pété la gueule. Vous croyez tout ce qu’on vous raconte, vous les journalistes…

Apprenti journaliste. Alors, euh, derrière ta beauferie de façade, parce qu’on peut quand même dire que Didier Super est un beauf… Est-ce que je me trompe ?
J’t’emmerde !

Bonne réponse ! Mais les gens ne comprennent pas tous le second degré dans tes textes : il paraît que tu t’es déjà fait mordre en direct par une spectatrice…
Oui, ça c’est vrai. Putain, elle avait de la gamelle… Mais franchement, c’est la seule fois que c’est arrivé. On jouait dans une fête de la bière à Lausanne, t’avais plein de mecs blindés. Et puis en plus, c’était des Suisses…

Ouais, en plus de ça… sale race les Suisses.
Ils sont différents. Du reste du monde.

Exactement. Bon, tu viens présenter à l’Embobineuse un film tourné en Inde avec ton camescope, et ça s’appelle Misère joyeuse ou Un gros con chez les povres.
En fait, c’est devenu « Gros Con Productions présente Misère joyeuse ». On trouvait que ça sonnait mieux.

OK. Donc, tu te lances dans le septième art ?
Franchement, y’a que ça qui marche. La musique, c’est saturé, et puis les gens te reconnaissent pas dans la rue… alors pour se taper des gonzesses !

T’en est où, d’ailleurs ? Ça tourne du côté meufs ?
Si ça changeait au niveau de la législation et qu’il y avait moyen de se taper sans emmerdes du 15-16 ans, je te jure que je ferais des numéros de jonglage avec les gonzesses… __ Malheureusement, ça n’a pas encore été promulgué.__
Ah ben il faut être patient, hein ! Tu sais, les gens de là-haut, ils font passer toutes les lois qui les arrangent, ça devrait donc pas tarder…

Didier, ta bio nous dit que tu veux ouvrir un salon de coiffure, tout ça pour avoir le loisir de ne rien foutre de tes journées. J’ai une autre proposition pour toi : et si tu te présentais à la Présidentielle ?
Ah-ah… Mais je sais pas si c’est un métier qui a de l’avenir, ça. Je me sens pas assez calé en trafic d’armes…

T’as encore le temps d’apprendre.
Oh, ben oui, les témoins de Jéhovah, ils disent que la fin est prévue pour 2012 : j’ai encore six ans devant moi !

Propos recueillis par PLX

Le 17 à l’Embobineuse, 16h. Rens. 04 91 50 66 09
Dans les bacs : Mieux vaut en rire que de s’en foutre (V2)
www.didiersuper.com