Les soirées du Marseille Jazz des 5 continents

Songs d’une nuit d’été

 

Refusant de céder à la sinistrose post-confinement, l’équipe de Marseille Jazz ne pouvait se résoudre à jeter les gants. Et puisque Marseille est désormais Printemps, quoi de mieux que les fleurs de jazz pour fêter dignement ce basculement ?

 

Les plus ou moins jeunes pousses locales seront de la party, avec notamment l’un des saxophonistes les plus prometteurs de la place phocéenne, Ezequiel Celada, qui fera résonner son sax avec les vieux briscards d’Yves Scotto Trio. Vincent Strazzieri, lui, s’exprimera avec toute la science jazzistique qu’on lui connaît, aussi bien au piano qu’au saxophone. Alice Martinez sera de la fête : la chanteuse, qui sait évoluer avec talent dans divers répertoires, s’exprimera à la tête d’un trio où l’on retrouve le classieux Lionel Dandine au piano et le groovy Sam Favreau à la contrebasse. La « fanfare » Yellbows mettra ce qu’il faut d’ambiance New Orleans dans la place.

Fidèle à sa charte internationale, l’organisation n’en oublie pas moins de convier des artistes bousculant les horizons, agissant localement et pensant globalement. Ainsi de la remarquable pianiste Macha Gharibian, qui saupoudre ses thèmes, résolument jazz, d’effluves arméniennes, voire persanes, ou encore de La Vuelta, formation buccorhodanienne de « danzon » qui pimente les notes bleues avec des saveurs latinas, en première partie d’un concert en solo du redoutable cubain Omar Sosa, désormais habitué des scènes locales. Avis d’embruns celtiques sur la rade avec le Duo Impressionniste, improbable duo ancré dans la cité phocéenne, formé par Katell Boisneau (harpe celtique), issue de l’univers circassien, et Mathieu Dami (hyperbasse : un instrument improbable !).

Toujours soucieuse de popularité sans verser dans le populisme et d’exigence artistique sans sombrer dans l’élitisme, l’organisation convie la chanteuse autoproclamée vintage Hailey Tuck à poser sa voix canaille sur un swing faussement désuet (on lui promet un destin de future star du jazz). Pour autant, le jazz le plus abouti sera représenté par le New Monk Trio du pianiste Laurent de Wilde qui sait rallumer la flamme du « Grand Prêtre du Bebop » en en dépoussiérant le répertoire, à l’aide du contrebassiste Jérôme Regard et du batteur Donald Kontomanou.

Cette formule réduite du FJ5C, déjà commencée en juillet à la Villa Gaby, avec notamment le trompettiste Christophe Le Loil, se déroulera à la Casa Delauze, sur la rive gauche du Vieux Port. Pour autant, la terrasse du Mucem ne sera pas en reste, puisque l’on s’y délectera du trio de la flûtiste Naïssam Jalal, musicienne en résistance pour une humanité plurielle, du quintet de la saxophoniste Sophie Alour, qui s’adjoint les services d’un oudiste pour orientaliser son jazz, et du trio du percussionniste David Walters, inlassable voyageur des musiques groove. On s’y sent déjà comme à la maison.

 

Laurent Dussutour

 

Pour en (sa)voir plus : www.marseillejazz.com