Le Festival Les Suds

Au tour du monde

 

Arles la magnifique, l’inspirante, autrefois capitale de la Rome antique, se fait pour la vingt-quatrième année le théâtre du « chant des peuples ». Plus que jamais, le festival Les Suds fait de la musique un acte de conscience, donnant la parole à des artistes du monde entier, rendant art et réalité géopolitique indissociables.

 

Pendant une semaine, le public est convié à ce voyage en notes inconnues, faisant escale dans des pays à l’actualité souvent violente. Citons entre autres les Yemen Blues, les Kurdes du Rusan Filistek Ensemble, ou la sublime malienne Fatoumata Diawara. Des artistes engagés, portant la voix de leurs peuples qui, au-delà de leur histoire personnelle, rendent compte d’une actualité globale. Citons encore Pongo, artiste charismatique venue d’Angola, ou Kampire, djette activiste membre d’un collectif ougandais producteur et organisateur de festivals.

Dans la continuité de cet esprit d’union et de partage, Les Suds vont à contre-courant de la course au gigantisme dont semblent souffrir nombre de festivals. Depuis toujours, cet événement permet une rare proximité avec les artistes, répondant à un besoin grandissant d’un retour à la convivialité, à l’intimité. Lors des « apéros découvertes » par exemple, où il est possible, après s’être délectés d’un live acoustique allongés dans l’herbe de la cour de l’Espace Van Gogh, de partager un verre avec les artistes. Autre temps si particuliers, les « moments précieux », qui gardent la même exigence de surprendre le public, de le suspendre, dans cet espace réduit et chargé qu’est la Cour de l’Archevêché.

Comme chaque année, des concerts gratuits parent la ville d’échos bulgares, africains, maghrébins, slaves, italiens, espagnols, français tout au long de la journée, permettant aux badauds et aficionados de savourer l’architecture et l’ambiance uniques régnant en Arles. Participant activement à la popularité des Suds, quatre concerts d’exception sont organisés dans le Théâtre Antique. Le lieu, d’une beauté exceptionnelle, accueillera cette année Bobby McFerrin dans un projet purement vocal, qui fait écho à ses débuts. Cette collaboration, les organisateurs en rêvaient depuis une dizaine d’années. L’enceinte antique est également le lieu choisi par Ibrahim Maalouf pour présenter un projet inédit : il y jouera avec l’Haïdouti Orkestar, orchestre fanfare des Balkans formé de dix-sept musiciens, pour un grand concert gipsy festif.

La fête a d’ailleurs toute sa place aux Suds, qui nous invitent à danser, chaque nuit, après les concerts au Théâtre Antique, sur le site unique des Forges. Au pied de la flamboyante tour de la fondation Luma, cet espace, investi depuis 2008, répond au besoin d’artistes électroniques en leur proposant une scène adaptée. Les Nuits des Forges ont ce grand quelque chose d’onirique et d’enivrant, portées par le doux et chaud mistral des étés camarguais, par les notes de oud ou de djembé qui s’évaporent et s’en vont glisser entre les pavés de la cité.

 

Lucie Ponthieux Bertram

Les Festival Les Suds, à Arles, du 8 au 14/7
Rens. : www.suds-arles.com/

La programmation détaillée du festival Les Suds  ici