L’Ecrivain et la conscience par le collectif Manifeste Rien © Manifeste Rien

L’Ecrivain et la conscience par le collectif Manifeste Rien au Théâtre de Lenche

Sciences poét(h)iques

 

Le collectif Manifeste Rien frappe encore avec L’Ecrivain et la Conscience, essai poétique de Stieg Dagerman que ce duo adapte et réinterprète dans une scénographie épurée.

 

Porté par le metteur en scène Jeremy Beschon et la comédienne Virginie Aimone, le collectif Manifeste Rien n’a pas peur d’être qualifié de militant. Un engagement qui n’enlève rien à l’importance de l’outil artistique et esthétique dans leur travail.
Les « Emporte-pièces » sont des adaptations d’œuvres de sciences sociales et humaines, à l’image de la Domination Masculine de Pierre Bourdieu ou des Trois exils, juifs d’Algérie de Benjamin Stora, qui ont donné lieu précédemment à des opus historiques et anthropologiques.
L’Ecrivain et la Conscience signe le retour du collectif à ses premières amours, avec une adaptation qui s’engage avec humour vers la voix poétique. C’est au tour du poète et écrivain suédois Stieg Dagerman de voir sa parole clamée sur les planches. Un essai poétique qui est extrait de La Dictature du Chagrin, « le texte le plus clair que je connaisse sur l’engagement » explique Jeremy Beschon. L’œuvre interroge la littérature et la responsabilité de l’écrivain, entre conscience sociale et conscience artistique. Une problématique à laquelle se confrontent tous les artistes, particulièrement dans le monde du théâtre. « L’idée, c’est de se servir du théâtre pour faire passer des textes qui ne sont pas ou peu connus. Toutes nos œuvres parlent toujours de questions sociales, d’un rapport de conflit de classe, de domination », ajoute Jeremy.
Virginie Aimone donne vie sur scène à l’œuvre de Dagerman en occupant avec énergie et vigueur cet espace scénique vierge de tout objet si ce n’est une chaise. A la fois chaise d’exécution, puis table de l’écrivain, l’objet devient tout et en même temps pas grand chose face à l’immensité des interrogations qui nous submergent. Virginie incarne avec passion des personnages dans des registres différents sans jamais perdre le spectateur. Une performance qu’il convient de saluer, d’autant plus qu’il s’agit d’une œuvre non théâtrale qu’il a fallu adapter.
Un débat en présence de Charles Jacquier est proposé à l’issue du spectacle. Comme après chaque « Emporte-pièces », il s’agit de contextualiser les connaissances : « Les thèmes abordés sont tellement forts et à contre-courant de ce que l’on entend aujourd’hui qu’il faut pouvoir en discuter après. C’est une question de morale et d’éthique. Même si c’est très ludique et délirant, ce qui est dit est bien le fruit d’une recherche, d’enquêtes, d’archives et de chercheurs qui ont fait un vrai travail de fond sur ces questions. »

Aleksandra Lebrethon

 

L’Ecrivain et la conscience par le collectif Manifeste Rien : les 22 & 23/01 au Théâtre de Lenche (4 place de Lenche, 2e). Rens : 04 91 91 52 22 / www.theatredelenche.info

Pour en savoir plus : manifesterien.over-blog.com