Ossessione de Luchino Visconti

« Le Néoréalisme italien : entre photo et cinéma » à l’Eden-Théâtre

Le paradis perdu

 

A l’occasion de la sortie du livre de Bernard Plossu et Alain Bergala, Periferia, l’équipe de l’Eden, la salle de La Ciotat, revient sur les grands films du néoréalisme italien.

 

Le néoréalisme fut plus qu’un simple courant cinématographique transalpin, il participa à une reconstruction de l’image que les Italiens avaient de leur propre pays, après plusieurs décennies de bellicisme associé à une passivité politique, un mépris de l’altérité, une rhétorique nationaliste. Barthélémy Amengual rappelait que « le néoréalisme s’intéresse à l’ordinaire et s’attache à reconnaître la singularité du banal et de la banalité de (dans) l’exceptionnel. » Propos auxquels le scénariste Cesare Zavattini rajoutait : « La vraie tentative n’est pas celle d’inventer une histoire qui ressemble à la réalité mais de raconter une réalité comme si elle était une histoire. Il faut que la distance entre vie et spectacle soit nulle. » Ou comment remettre l’humanisme au cœur de l’idéal cinématographique, en explorant les paysages désolés, oubliés de l’après-guerre. Les territoires à la lisière, les zones grises des villes. Et les populations qui les habitent, dans son sens le plus large. L’ouvrage de Bernard Plossu et Alain Bergala, Periferia, vient nous plonger au cœur de cette immanence quasi métaphysique. En revisitant soixante ans après la guerre une partie de l’Italie, c’est à la mémoire affective du cinéma italien que le photographe fait référence. A cela s’ajoute l’observation éclairée du brillant essayiste Alain Bergala, critique émérite du 7e Art. A l’occasion de la sortie de cet opus, la salle ciotadenne l’Eden propose une courte mais juste rétrospective des grandes pages du néoréalisme. En cinq films — Ossessione de Luchino Visconti, Païsa de Roberto Rossellini, Le Cri de Michelangelo Antonioni, Le Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica et Affreux, sales et méchants d’Ettore Scola —, l’écran de la plus ancienne salle au monde se fera l’écho d’un pan de l’histoire cinématographique qui marquera durablement la création d’après-guerre.

Emmanuel Vigne

 

« Le Néoréalisme italien : entre photo et cinéma » : du 16 au 24/10 à l’Eden-Théâtre (Boulevard Georges Clémenceau, La Ciotat).
Rens. : 04 42 83 89 05 / www.edencinemalaciotat.com

Le programme complet du cycle consacré au Néoréalisme italien ici